par MANÉ Diégo sur 27 Déc 2015, 15:53
Je viens de tomber sur un texte* relatant les heurs et (surtout) malheurs des troupes expéditionnaires espagnoles en "Nueva Espana", soit au Mexique, et de fait il en est arrivé encore quelques unités en 1815, et après...
* "Fuerzas militares en iberoamerica siglos XVIII y XIX" par Juan Ortiz Escamilla (coordinador),
Article pp 139+ intitulé "Soldados en la escena continental: los expedicionarios espanoles y la guerra de la Nueva Espana, 1810-1825" par Christon I. Archer, Universidad de Calgary, Canada.
Je vous liste les onze unités concernées (cinq autres, plus deux régiments de dragons, étaient déjà a demeure... ce qui au demeurant, c'est le cas de le dire, ne fait pas beaucoup pour le territoire immense à couvrir !).
1812 : 3857 hommes en 6 bataillons (America, Lobera, Voluntarios de Castilla, Asturias, Zamora, Fernando VII de Europa).
1813 : 1895 hommes en 2 bataillons (Extremadura, Saboya).
1815 : 1749 hommes en 3 bataillons (Ordenes Militares (2), Voluntarios de Navarra (1), partis de Cadiz le 14 avril 1815 sous les ordres du Brigadier Miyares (opportunément "blanchi" des charges pesant sur lui depuis le désastre de Castalla en 1812). Ces troupes étaient initialement destinées à Panama et au Pérou, mais l'absence de nouvelles de Nouvelle Espagne et la crainte qui en résulta les fit détourner (comme celles de Morillo, destinées à l'Argentine, finirent au Vénézuéla !).
La traversée de 66 jours s'effectua a bord de la frégate du roi "Sabina", avec cinq autres frégates et 4 navires de commerce. Arrivés à Vera Cruz le 18 juin, les bataillons en partirent pour Xalapa le jour suivant... sauvant la troupe du "vomito negro" (le vomi noir") qui décimait les unités venant d'Europe qui avaient la mauvaise idée de rester en ce lieu insalubre pour les non acclimatés.
Certes bien, les vétérans mirent en déroute les 1500 rebelles retranchés qui bloquaient le port, et ce succès ne leur coûta que 2 officiers et 16 soldats blessés... Mais c'était avant l'intervention des insectes "mortifères" pullulant dans le secteur de "la vraie croix" (la Vera Cruz) et qui s'avérèrent bien plus efficaces contre l'armée régulière que les milliers de rebelles.
1817 : 1547 hommes en 2 bataillons du régiment de "Zaragoza" arrivés en avril sous le Mariscal de Campo de Linan... Cet illustre régiment de vétérans de la guerra de la Independencia perdit en moins d'un an de séjour en Nouvelle Espagne 12 officiers et 200 soldats par maladie, sans préjudice -quoique- de ceux peuplant les hôpitaux. Comme dans les autres unités ses soldats se trouvaient alors en haillons et "presque nus", entamant le même processus qui avait graduellement mené à la désintégration complète des unités précédentes, qui "disparurent" sans laisser de trace.
De fait, c'est l'endroit de souligner que si Napoléon (qui était un génie) perdit l'Espagne pour avoir voulu mener la guerre de la Péninsule depuis Paris, Ferdinand VII (qui était un incapable malfaisant) perdit ses colonies d'Amérique pour avoir voulu mener leur "pacification" depuis Madrid.
Les rapports mensongers des généraux espagnols ne le cédaient en rien dans ce registre à ceux des maréchaux de l'Empire. Les communiqués de victoires décisives pleuvaient... et si l'on demandait des renforts (en réalité bien plus que nécessaires) ce n'était que pour parachever l'éclatante victoire de celui qui les avait demandés... d'où la désillusion de Miyares, arrivé "pour en finir" et trouvant tout à faire !
Il est vrai qu'en outre les Espagnols n'étaient pas (mais alors pas du tout) aidés... alors que les rebelles l'étaient (beaucoup), entre autres par les pirates de la Nouvelle Orléans. Par exemple, en octobre 1815 ces derniers débarquèrent pour les insurgés mille fusils, mille sabres, mille poignards, quatre pièces d'artillerie et une grande quantité de munitions.
Si tant est que ce soit vraiment utile, car c'est un gros travail, il est possible de lister les unités espagnoles présentes en ultramar (outremer), et donc pas seulement en Amérique, en 1815, 1816, etc... Mais pour l'instant je vais retourner à celles présentes dans la Péninsule car c'est plus près, et de la France et du sujet !
Diégo Mané
"Veritas Vincit"