L'occupation de Toulon en 1793…

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

Modérateurs: MASSON Bruno, FONTANEL Patrick, MANÉ John-Alexandre

L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MELCHIOR Thierry sur 10 Aoû 2015, 08:25

… et les occupations de villes de manière générale à cette époque.
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Salut les amis,
Je poste ici un message auquel, j'espère, vous pourrez apporter des réponses (les miennes sont ICI.
Je l'ai mis en entier car ces termes s'appliquent intégralement à Planète Napoléon et à tous ceux qui font vivre ce forum (Diégo en tête, bien sûr). :)
Amicalement,
Thierry.

Bonjour !

J'ai découvert ce formidable site grâce à un ami féru de figurines, et j'aimerais profiter de la connaissance des experts qui semblent résider ici.

En souhaitant me renseigner sur le siège de Toulon en 1793 je me suis posé la question suivante : comment se déroulait l'occupation de la ville précédant le siège ? Et comment se déroulaient les occupations de villes de manière générale à cette époque ? (j'imagine que le cas de Toulon est quelque peu particulier étant donné que les Anglais, Espagnols, Napolitains et Piémontais avaient été invités).

Les gens avaient-ils le droit d'entrer et de sortir de la ville et sous quelles conditions ? Y avait-il un réseau de points de contrôle déployé autour de la ville ? Quelles sortes d'éclaireurs les Anglais, Espagnols, etc. utilisaient-ils pour guetter l'inévitable offensive française ?

Je trouve beaucoup d'infos sur les batailles mais peu sur les occupations. Je vous remercie par avance de toute aide que vous pourriez m'apporter pour me pointer dans la bonne direction. :grin:
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MANÉ Diégo sur 16 Aoû 2015, 19:05

Ah que voilà une bonne question. Merci de nous l’avoir relayée, Thierry !

Bon, plaisanterie mise à part, je suis un peu dans le même cas que notre ami, mes «compétences» sont davantage tournées sur l’Empire que sur la Révolution, davantage sur les batailles que sur les sièges, et enfin davantage sur l’aspect militaire que sur celui de la vie quotidienne des civils dans une place assiégée.

Nonobstant je vais faire mon possible pour apporter quelques pierres à l’édifice.

Tout d’abord précisons que chaque siège EST particulier car aucune ville ni aucune situation, dans tous les sens du terme, n’est totalement comparable. Et donc ce qui vaut dans un cas ne vaut probablement pas dans la plupart des autres.

Je ne connais bien que quatre sièges, tous radicalement différents. Le premier, Alésia en -52, sort de l’objet de notre site. Les trois autres, sur lesquels j’ai écrit, Zaragoza 1808-1809, Torgau 1813-1814 (article présent sur Planète Napoléon) et Besançon 1814, pour être proches les uns des autres et relativement «contemporains» de Toulon 1793, ne se ressemblent pas entre eux et ne ressemblent pas à notre sujet.

Un siège peut être, et un seul à ma connaissance, est de nature en partie similaire à celui de Toulon, c’est celui de Lyon en 1793 (des Royalistes assiégés par des Républicains)... mais loin des côtes et de la flotte anglaise la capitale des Gaules était seule contre la République et n’avait aucune aide à espérer.

Force donc est de considérer le siège de Toulon comme il se doit, c’est-à-dire séparément.

La première chose que l’on constate en se penchant sur le «dossier» Toulon, c’est que la plupart des documents relatifs au siège, pour ne pas dire tous, se focalisent sur la prestation d’un jusqu’alors obscur capitaine d’artillerie, j’ai nommé Napoléon Bonaparte, dont la carrière décolla façon «post-combustion» à l’occasion de la prise rapide de la ville grâce à ses compétences.

Du coup le reste, tout le reste, reste (c’est le cas de le dire) dans l’ombre de sa lumière.

Quelques éléments épars, pourtant, se trouvent assez facilement sur internet et donc probablement l’inventeur du sujet les a-t-il déjà trouvés. Les mémoires d’un «civil» qui était sur les lieux qu’il habitait donnent donc quelques éléments «politiques», sur la prise de contrôle de la ville par ses éléments «réactionnaires».

J’ai lu un autre sujet qui montre que la pseudo-pénurie de blé fut savamment orchestrée par la marine "royaliste" et le parti du même métal afin d’accréditer que seule l’intervention anglaise pouvait sauver Toulon de la famine. Les énormes stocks de blé trouvés par les Républicains après la reprise de la ville, comme aussi le fait que personne n’eut vraiment faim pendant le siège, sont là qui prouvent la malignité du procédé qui entraîna l’opinion.

Bien, établissons les principaux paramètres qui rendent ce siège unique dans les annales.

Toulon est un port de guerre et en conséquence dispose de puissantes fortifications, y compris côté terre. Tous les points dominants (depuis lesquels on voit tout) sont garnis de forts «en dur». On y ajouta des fortifications de campagne au fur et à mesure de l’évolution des positions de l’artillerie républicaine.

Toulon est soutenue par une flotte de guerre maîtresse incontestée de la mer.

Toulon est occupée par un corps d’armée étranger appelé à l’aide et donc «allié».

Toulon dispose de vivres plus que suffisants et peut être ravitaillée par mer.

En cas de nécessité les assiégés peuvent être évacués par la flotte.

etc... Bref, on a vu pire comme situation (par exemples choisis pas du tout au hasard Zaragoza, Torgau et Besançon...).

Bonus supplémentaire, l’armée assiégeante -de même nationalité que les assiégés- est composée d’aimables «amateurs» à la compétence inversement proportionnelle à leurs grades... et donc tous les espoirs sont permis de voir la situation durer puis pourrir assez longtemps pour que les succès escomptés des armées coalisées viennent mettre un terme définitif à l’aventure révolutionnaire...

Hélas pour les pourtant réalistes royalistes il se trouva un bon capitaine, au sens littéral de «bas-officier», à commander par intérim l’artillerie d’en face, et bientôt diriger de fait tout le siège avec le talent qu’on lui a ensuite vu déployer durant vingt ans de campagnes.

Mais tout cela nous le savons. Quid des questions de notre inventeur ?

Un bon historien ne répond qu’en communiquant ses sources or je n’en ai pas de pertinentes sous la main (je me livrerai cependant à quelques recherches relatives à la rentrée, car là tout est fermé).

Je ne peut donc vous livrer que des opinions, logiques certes, mais S.G.D.M. !

Tout ce qu’à dit Thierry est globalement valable en général, mais dans le cas de Toulon plusieurs choses sont «différentes» ou au moins «particulières».

Ainsi il n’y a pas à proprement parler d’«occupation» de Toulon puisque la garnison est composée d’alliés venus à la demande (des autorités) de la ville.

Je ne joue pas sur les mots, je souligne que fors l’autorité militaire sur les opérations de défense du même métal, que s’arrogèrent sans discussion les Anglais, l’autorité civile dût rester entre les mains de ceux qui l’avaient ravie, soit les Royalistes appuyés par la Marine qui avait enfermé tous les récalcitrants (les partisans déclarés de la République), montrant le sort qui attendait ceux qui n’étaient pas d’accord. La propagande faisait le reste.

La circulation des personnes en ville était donc très probablement libre, mais je doute qu’il en aille de même pour entrer ou sortir de Toulon. On l’a vu, les communications par mer via la flotte anglaise -ou française royaliste d’ailleurs- étaient parfaitement possible jusqu’à ce que Bonaparte ne fasse le nécessaire pour s’y opposer, mais sans doute étaient elles réservées durant le siège à qui montrait patte blanche (il est amusant de rappeler que le blanc était la couleur du Roi).

En revanche, côté terre, je ne pense pas que personne se soit risqué sans motifs impérieux à tenter le sort d’un passage. Je vous rappelle le contexte de guerre civile, qui veut que tout quidam de l’autre camp, voire seulement suspecté de l’être, soit rapidement «ramené à la raison» par divers procédés ne passant pas nécessairement par un procès court et peu onéreux. Le sort peu enviable des malheureux qui ne trouveront pas à s’embarquer lors du départ des Britanniques est assez parlant. Et pourtant la plupart n’avaient, en pleine acception du terme, absolument «rien fait».

Sans plus aujourd’hui, je reviendrai lorsque j’aurai davantage de blé à moudre, ce qui arrivera car ce «blé» (en l’occurrence les sources) existe probablement tout autant que celui dont disposait Toulon durant le siège. Il était caché, c’est tout !

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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MASSON Bruno sur 17 Aoû 2015, 06:24

il y a un paragraphe dans le Fortescue (IV-1, chap VI); je vous en ferai un résumé ASAP, là il faut que je parte travailler

C'est Fortescue, donc un peu de parti pris, mais en général on a un aperçu de ce qu'il se passe dans les états-majors et les sources sont multiples
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MASSON Bruno sur 18 Aoû 2015, 05:46

tout d'abord l'occupation de la Ville:

Des commissionnaires Royalistes prennent contact avec l'Amiral Hood qui est en charge de l'escadre de blocus pour qu'il vienne garder la ville au nom de Louis XVII et de la constitution de 1791 "jusqu'à la fin de la guerre". L'amiral est très hésitant et déclare au gouvernement Anglais qu'il n'a pas assez de troupes pour tenir les ouvrages mais aussi "qu'avec 5 ou 6000 bonnes troupes il finirait la guerre demain".
(Ce genre d'affirmation bidonnée est typique du mode de pensée des officiers commandant de la Navy de l'époque)

quoi qu'il en soit, en attendant il s'ancre dans la baie d'Hyères, et en appelle au Royaume de Piémont-Sardaigne (qui en coordination avec l'Autriche doit marcher au secours de l'insurrection de Lyon) et à l'amiral espagnol Don Juan de Langara qui croise sur les côtes du Roussillon, pour obtenir des troupes.
En attendant, les garanties des Toulonnais rassurent assez Hood pour qu'il entre dans la rade et débarque les 1500 soldats qui font office de Marines à bord de son escadre pour tenir les forts défendant le port intérieur. Il est bientôt rejoint par Langara avec la majorité de ses navires, annonçant qu'il peut débarquer 1000 hommes et que 4 de ses navires sont restés en arrière pour en embarquer 3000 de plus. l'Amiral Gravina, second de l'amiral Espagnol, est alors logiquement nommé gouverneur de Toulon.

Du côté Sarde, l'armée est prête à enter en France, et le général Autrichien de Vins est anxieux de montrer les qualités du courant Stratégique de Loudoun (opposé à celui de Lacy qui est en œuvre en Europe du nord) jusqu'à ce que Thugut (chancelier d'Autriche) demande à la Sardaigne de lui céder Novarre pour le prix de l'engagement des troupes en France, charge à eux de s’indemniser aux dépend de la France. dès lors rien ne bouge en Italie.

Du côté Anglais, l'armée est déjà engagée à fond en Flandres et dans les Antilles, avec un front s'ouvrant en Vendée et à Toulon. le gouvernement Anglais de Pitt (par l'intermédiaire de Dundas) cherche par un jeu de chaises musicales à donner à ses soldats et à ses mercenaires le don d'ubiquité, ce qui ne peut marcher sans un bon téléporteur. Des unités sont donc envoyées en Flandres pour remplacer d'autres qui doivent partir pour Toulon, puis les Antilles, alors que les premières reçoivent l'ordre de se réembarquer pour l’Angleterre, puis de rester pareillement en Flandre....
MASSON Bruno
 

Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MASSON Bruno sur 19 Aoû 2015, 16:54

Du côté de la ville, ses défenses du côté de la terre sont faibles et justes aptes à empêcher un coup de main sur l'arsenal. Il existe une enceinte bastionnée, mais elle est commandée par toute une série de hauteurs et la ville complètement dominée par le mont Faron. Tout cela est, même à l'époque, à portée de canon; il est donc indispensable de tenir ces hauteurs, plus les pointes qui entourent le port et peuvent permettre de tenir la rade sous le feu de pièces lourdes.

La zone à tenir est donc très étendue, et à Pitt qui l'interrogeait sur la force nécessaire pour tenir Toulon, Lord Grey (à peu près le seul homme ayant une vague connaissance militaire terrestre du cabinet) donne (avec un peu d'exagération) le chiffre de 50 000 hommes, sidérant le premier ministre (en 1793, l'effectif théorique de l'armée Anglaise ne dépasse pas les 125 000 hommes, dont un quart rien que pour l'Inde). Pitt répond alors qu'il doit être possible de faire avec moins. En réunissant tout ce qui peut encore marcher, il y a encore peut-être 2 000 réguliers en Angleterre....

Heureusement, le 28 Août, lorsque Hood rentre à Toulon, du fait de la révolte de Lyon et Marseille, la France n'a pas un soldat à envoyer sur place. Des fortifications de campagne commencent donc à être érigées sur toutes les hauteurs à tenir, sans plan d'ensemble et sans grande rationalité, car les coalisés n'ont pas un officier du génie, et les Français de cette arme présents dans la ville sont réputés (sans doute à raison) suspects.

les nuages s'amoncèlent néanmoins rapidement, car Marseille capitule presque tout de suite, libérant l'armée du général Carteaux, estimée par Hood à 10 000 hommes, et qui devait être rejointe par une autre d'une taille inconnue.Cela n'inquiète pas l'Amiral, et le premier accrochage semble lui donner raison.

le 31 Août, un premier détachement de 750 hommes arrive à Ollioule, à 10 km de toulon. Uun capitaine Elphinstone emmène 300 anglais et 300 Espagnols, attaque leur position et les met en fuite, capturant 4 canons, au prix de 20 morts et blessés.

Le plus grand danger de ce début de présence étrangère réside en fait dans les 500 marins français désœuvrés qui trainent dans la ville; Hood fait donc désarmer les 4 navires les plus délabrés et fait convoyer les marins libérés le plus loin possible, les débarquant à Brest, Lorient et Rochefort.

L'amiral est tellement peu au fait de la tempête qui s'approche que le 8 Septembre, alors que le gros de Carteau est arrivé, il détache une partie des ses navires (et donc forcément leurs marines) sous le Comodore Linzee vers la Corse, pour faire le blocus de Calvi, Bastia et San Lorenzo, avec ordre d'en réduire les forts et rapatrier les garnisons sur le continent. Il est symptomatique de son incompétence terrestre crasse qu'il n'ait pas prévu que ces fort auraient besoin d'une garnison après...
MASSON Bruno
 

Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MASSON Bruno sur 22 Aoû 2015, 07:49

Heureusement le 6 Septembre arrive de Turin un général Anglais, en la personne de Lord Mulgrave (tous les officiers généraux présent jusqu'à présent étant des marins), qui a dans son état-major un tout jeune capitaine du nom de Rowland Hill (qui a reçu ce grade pour avoir levé une compagnie indépendante deux ans auparavant).
Lord Mulgrave prendra à Toulon, comme Aide-de-camp surnuméraire, un veuf qui cherche à oublier la perte de sa femme survenue en 1792, et qu'il persuadera d'entreprendre une carrière militaire au vu de ses capacités innées, Mr Thomas Graham de Balgowan. Entre ces deux aides-de-camps va tout de suite naître une amitié profonde qui ne disparaîtra qu'à la mort des deux officiers.

Lord Mulgrave, à son arrivée, est nommé commandant des troupes Anglaises par l'amiral Hood et obtient la supervision des Espagnols par l'amiral Langara, vice l'Amiral Gravina, Il reprend le plan de fortification des hauteurs, qu'il trouve inefficace voir dangereux, et tente de repositionner son dispositif défensif. Les troupes anglaises à sa dispositions consistent en un peu plus de 1200 hommes des 11st, 25th, 30th et 69th, tous faisant office de Marines dans l'escadre Hood, et un peu plus de 3000 espagnols, qu'il trouve, à deux uniques exceptions, au dernier degré d'incompétence des officiers supérieurs jusqu'au soldats.

Leur disponibilité immédiate venait du fait que le général Ricardos les avait renvoyés de son armée du Roussillon car composés des pires officiers et pires soldats de la ligne et de la milice Espagnole. Ils avaient donc été considérés moins dangereux à l'étranger que sur le territoire national.
un poste très exposé et mal placé, tenu par les Espagnols et des royalistes français, est enlevé par les républicains juste avant que l'ordre d'abandon arrive à la garnison, qui s'enfuit presque sans combattre. Le général anglais est donc obligé d'envoyer des Anglais de sa minuscule réserve pour couvrir leur fuite.
MASSON Bruno
 

Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MORGAN Nicholas sur 24 Aoû 2015, 09:56

Merci d'avoir pris le temps de me communiquer toutes ses informations, les amis; ça va énormément m'aider. Je suis sidéré par tout cet effort pour aider un inconnu.

Désolé pour la réponse tardive, je n'avais pas de compte sur ce forum. Il vient d'être activé hier.

:)
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MANÉ Diégo sur 24 Aoû 2015, 11:44

Et "c'est pas fini", Nicholas !

Je laisse Bruno terminer sa "propagande" britannique, et je vous proposerai ensuite la version espagnole des événements, qui diffère sur certains points, notamment sur la nationalité de ceux qui fuient le combat.

C'est tout de même l'Espagne qui fournit le plus gros effort, pas l'Angleterre comme le laissent à penser jusqu'aux écrits des révolutionnaires français qui disent LES flottes anglaises, oubliant les autres.

Ceci dit j'ai cru comprendre que ce qui vous intéresse est davantage les débuts de l'occupation de Toulon par les troupes étrangères qui y furent appelées par les autorités de la ville, plutôt que les combats qui suivirent et pour lesquels vous semblez avoir trouvé suffisamment d'informations.

Comme vous voici désormais parmi nous rien ne vous empêche de préciser vos besoins relatifs.

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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MASSON Bruno sur 24 Aoû 2015, 17:06

pour reprendre la chronologie du "siège"
le périmètre à défendre étant de presque 13 km, la fortification des multiples points à garder entraine une fatigue énorme des rares troupes, et les travaux avancent lentement. Un des points cruciaux est le mont Faron, et le fort construit sur son extrémité Est, sur le sommet le plus élevé, nommé Croix de Faron. son accès par le nord était tellement raide qu'il était considéré inattaquable, et donc presque pas défendu, même si Graham, bon marcheur, démontra par l'exemple que certains points étaient accessibles si on s'en donnait la peine; de plus, la majeure partie des forts, même s'ils avaient été finis, auraient été trop éloignés pour soutenir leurs voisins par le feu. tout cela fait que Lord Mulgrave fait tout pour préparer la retraite des troupes, et pour préparer la destruction de l'arsenal et des docks.

dans l'autre camp, deux armées sont à pied d'oeuvre, Carteaux à l'ouest et Lapoype à l'Est.
le premier est incompétent, mais a reçu un renfort important le 16, dans la personne d'un Lieutenant-colonel d'artillerie corse assez peu discipliné; quand au deuxième, il est aguerri et a dans ses rangs un certain Victor.
le 18 et le 19, trois batteries de l'armée de Carteaux ouvrent le feu sur les hauteurs dominant l'entrée du port intérieur, et ne sont pas repoussés avant que la flotte ne soit intervenue et ait perdu une chaloupe canonnière. L'amiral Hood déclare alors que de l'artillerie française sur les caps Balaguier ou des Eguillettes forcerait la flotte à quitter le port; Lord Mulgrave réuni alors un peu moins de 500 hommes qui s'établissent sur une hauteur située entre les deux promontoires et construisent rapidement un nouveau fort, nommé fort Mulgrave en l'honneur du général Anglais, et surnommé le petit gibraltar, avec un poste détaché sur l'isthme des Sablettes. le périmètre s'agrandit de 3 km de plus, et les moins de 1500 anglais sont morcelés en une douzaine de postes différents.

heureusement, le 27, arrivent six vaisseaux sardes avec un bataillon de 800 hommes d'excellente tenue, et 2 000 napolitains (avec la promesse de 4 000 autres) de très faible qualité. Les autrichiens, par contre, refusent toujours de s'engager en France.

Le 1er Octobre, Victor, à la tête de 800 hommes, attaque le mont Faronpar deux axes, repousse le piquet de 60 Anglais gardant la pente Nord et rentre dans le fort Croix de Faron abandonné par sa garnison Espagnole. Renforcés par 1 000 hommes de plus, ils ont alors une vue plongeante sur toutes les défenses et la ville même de Toulon.
a 7 h les commandants coalisés se rencontrent et décident qu'il faut reprendre le mont; à 8h, deux colonnes multinationales sortent de la ville et commencent l'ascension, sous une chaleur accablante. Les français sont repoussés avec de lourdes pertes, dont la moitié dues à des chutes dans des ravins, du côté coalisés, on dénombre un peu plus de 70 tués ou blessés, mais l'amiral Gravina, le seul officier espagnol capable, est au nombre des blessés graves et doit abandonner son commandement. Thomas Graham reçoit à cette occasion sa première blessure et fait pour la première fois montre de son courage.
le poste doit recevoir une nouvelle garnison, et comme les napolitains refusent de l'occuper, la garnison sera Piémonto-Anglaise
MASSON Bruno
 

Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MASSON Bruno sur 28 Aoû 2015, 05:15

la nuit du 8 Octobre, trois batteries qui avaient été érigées contre les postes du cap des Eguillettes sont prises par le Capitaine Brereton aux commandes d'une partie (anglo-sarde de la garnison du petit Gibraltar, faisant une centaine de prisonniers et détruisant les pièces. Le 9, Lyon se rend, libérant une autre armée française pour le siège de Toulon.

3 000 espagnols et Napolitains arrivent à ce moment et Hood arrive produire 200 hommes de plus tirés des navires.
les marins décident, contre l'avis des terriens, d'occuper aussi le cap Le Brun, étendant encore la zone à tenir. le 15, les français prennent le poste qui est recapturé ensuite par les Coalisés. Une opportunité de contre attaque est perdue quand les espagnols, demandant et obtenant la tête de l'attaque, se trouvent incapables (comme ils le seront durant toute la péninsule) de manœuvrer correctement leurs hommes. Il en résulte des pertes inutiles pour rien.

le 26, un ordre de Dundas arrive pour Hood, lui demandant d'envoyer 4 navires et le 30th à gibraltar, en vue d'une action ailleurs sur le globe. Hood se sépare à regret de ses bateaux, mais en accord avec Lord Mulgrave, refuse de réembarquer le 30th tant qu'il n'a pas été remplacé. Le 27 enfin arrivent les premiers renforts anglais, à savoir 750 hommes du 2/1st foot et de la Royal Artillery en provenance du Rocher, avec le Général O'Hara et le Major-Général David Dundas.Mais il n'est pas entré dans la tête du ministre qu'une force terrestre avait besoin d'équipement pour agir, et il n'y a toujours pas sur place de tentes, d'artillerie ou de matériel de campagne.... Lord Mulgrave retourne alors en Angleterre, et aura comme rôle, à son arrivée à Londres le 23 Novembre, de faire toucher audit ministre les réalités de la position toulonnaise.
MASSON Bruno
 

Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MASSON Bruno sur 28 Aoû 2015, 17:31

O'Hara est un excellent linguiste, et maitrise l'espagnol et le napolitain, mais découvre qu'il est inutile de donner des ordres dans leur langue maternelle si les officiers qui les reçoivent n'ont pas la moindre idée de ce dont il s'agit....

Il découvre aussi que le poste des Eguillettes n'est ravitaillable que par mer, et que le mauvais temps peut l'isoler. A la vue de tous ces points, il envoie à Dundas une lettre où il dit clairement que Toulon est investi, que la seule façon de se sortir de ce mauvais pas est de prendre l'offensive, mais que c'est impossible en l'état. Sa lettre arrivera après Lord Mulgrave, et le rapport que celui-ci fait au ministre pallie la lenteur de la poste; Hood obtient la possibilité de se retirer si la ville devient intenable, à charge pour lui de détruire l'arsenal et la flotte française.

Dans l'autre camp, des changement se produisent aussi. Carnot réussi à faire rappeler l'incompétent Carteaux, remplacé en premier lieu par un médecin du nom de Doppel, puis enfin par un bon soldat, le général Dugommier.
Le 15 Novembre, sous Doppel, une attaque sur le petit Gibraltar est repoussée avec pertes par les Royals, mais les succès républicains dans les Alpes, repoussant les Sardes au-delà des montagnes, et la défaite de l'armée espagnole du Roussillon libèrent encore plus de soldats pour l'attaque de Toulon.

le 20, une déclaration de Hood, O'Hara et d'un commissaire anglais du nom de Gilbert Elliot jettent le doute sur les visées anglaises vis-à-vis de l'occupation, et leur aliènent le parti royaliste local, car il n'est plus question de tenir Toulon pour Louis XVII, mais comme garantie en vue du traité de paix subséquent à la restauration Bourbonne.

Le 29 survient un vrai désastre, une sortie plurinationale de 2300 hommes vers Malbousquet prend la batterie objectif, mais au lieu de se replier, continue l'attaque à la débandade, et se fait ramener par les réserves françaises avec de grosses pertes; les anglais ont plus de 200 morts, blessés et pris à eux seuls. O'Hara fait partie des blessés prisonniers, ayant semble-t-il cherché à se faire tuer sur le front de ses troupes. Les français perdent 6 pièces lourdes enclouées et environ 200 tués et blessés, ce qui est négligeable pour eux, d'autant plus que six ou huit bataillons aguerris arrivent du Var, faisant grimper le nombre des assaillants entre 30 et 40 000 hommes.

chez les assiégés, il y a 4 000 hommes dans les hôpitaux, et les seuls renforts prévus sont 300 dragons légers anglais promis (mais qui ne quitteront jamais leur port d'attache)

Entre le 16 et le 18 décembre, le coup de grâce tombe. Depuis plusieurs jours l'ensemble de la ligne est sous un feu nourri de l'artillerie lourde, en particulier les extrémités à Cap Le Brun et aux Eguillettes; à 2h le 16, cinq batterie battent le fort Mulgrave en brèche, causant de gros dégâts et de nombreuses pertes, puis le 17 à la même heure, l'infanterie attaque. Durant un peu plus d'une demi-heure la défense tient, puis les espagnols tenant le Nord refluent et la position est perdue.

Au moment où le feu s'éteint dans la péninsule, il commence sur le mont Faron. Plusieurs milliers de français escaladent la même face abrupte qu'auparavant, repoussent le gros de la garnison hispano-napolitaine et forcent le poste du 11th anglais à se replier. Le périmètre défensif est donc percé sur ses deux principaux points, et le conseil de guerre du 18 matin décide qu'il est impossible de les reprendre avec les 1 500 de la réserve disponible dans la ville. Il ne reste plus qu'à se replier en ordre, et à la nuit les flottes s'ancrent dans la rade extérieure.

A ce moment cesse la résistance organisée; sans dire un mot à quiconque, les napolitains profitent de la nuit pour abandonner leurs postes, se replier vers la ville, s'embarquer et rentrer chez eux. Les espagnols, les voyant partir, font de même en ordonnant aux Piémontais de se replier aussi. Les français peuvent alors occuper les hauteurs et commencer le bombardement de la ville. A 10h cette même nuit, l'incendie de la flotte française commence, les espagnols, par erreur ou par dessein, incendiant deux navires à poudre qui explosent en détruisant deux canonnières anglaises et tuant une grande partie de leur équipage.

La garnison anglaise est alors réunie dans le fort La Malgue, d'où ils embarquent au matin du 19. L'embarquement est si mal réalisé que la majeure parie des bagages lourds de l'armée est laissée dans la ville, ainsi que 3 pièces de campagne enfin arrivées. Le temps calme permet alors la séparation des différents contingents, et Hood s'ancre dans la baie d'Hyères.

le "siège" de Toulon est fini.
MASSON Bruno
 

Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MASSON Bruno sur 28 Aoû 2015, 18:11

petit commentaire:

je met "siège" entre guillemets, car ce n'en est pas vraiment un. Il n'y a aucun travail de sape, car il n'y a pas de réel rempart, et aucun travail de génie n'est entrepris "sérieusement" durant les 111 jours de présence des troupes étrangères dans la ville.

c'est aussi un grand rassemblement d'amateurs et d'incompétents, dans les deux camps, où les décisions gouvernementales de deux grands pays (l'Angleterre et l'Autriche) condamnent les coalisés à l'échec. ce échec, face à une armée efficace, ne prendrait pas vraiment plus d'une semaine vu le manque de moyen en défense. L'incurie révolutionnaire poussera le combat à durer presque 4 mois.

mais qu'est-ce qu'un siège (rapidement)?

A l'époque, c'est la période entre le moment où une armée assaillante arrive avec son matériel du même tonneau devant une ville fortifiée adverse, en général lui demande fort courtoisement de se rendre et reçoit une réponse négative tout aussi courtoise.

A partir de ce moment, le général assiégeant va faire le tour de la place pour choisir son axe d'attaque. Il va faire établir un camp hors de vue de l'assiégé, puis la nuit fera tracer et creuser une tranchée plus ou moins parallèle à la ligne de fortification, à longue portée de canon de la place, et sur le devant monter des plateformes pour sa propre artillerie lourde. on appelle cette tranchée le premier parallèle. de là vont progresser en zig-zag des tranchées en direction de la place jusqu'à une certaine distance où un deuxième parallèle va être creusé, avec d'autres batteries. le zi-zag va alors reprendre jusqu'à la proximité du fossé, où le troisième parallèle va être creusé. de là partiront des galeries de mine réalisées pour détruire le revêtement de ce fossé (la contre-escarpe) de façon à combler ledit fossé avec les décombres. l'artillerie de l'assiégeant ayant pendant ce temps réduit au silence l'artillerie assiégée sur cette zone, et ruiné le mur d'enceinte de façon à ce que ses débris rejoignent ceux de la contrescarpe pour remplir le fossé.
A ce moment, au XVIIIe, le défenseur se rend, car s'il attend l'assaut, il renonce à voir sa garnison, la population, voir sa propre personne avoir la certitude de survivre. Sa garnison obtient alors au moins les "honneurs de la guerre". Telles sont les "Lois de la Guerre" de l'époque

Napoléon rajoutera l'interdiction pour ses commandants de place de se rendre avant d'avoir subit et repoussé au moins un assaut, mis c'est une décision unilatérale, et de toutes façon ses maréchaux ont prouvé auparavant qu'ils n'était pas respectueux de la parole donnée lors d'une reddition.

les sièges de la fin de période sont extrêmement rares, car tout cela prend vraiment du temps, ce que n'ont aucun des généraux en chefs de l'époque (à part Bernadotte semble-t-il :mrgreen: ) on verra beaucoup plus souvent des blocus de villes, qui ne nécessitent que très peu de troupes, de qualité inférieure, puisqu'il s'agit juste d'empêcher l'assiégé de sortir et de se ravitailler. A la longue c'est sûr et sans risques.

les seuls vrais sièges se trouvent en Espagne et au Portugal, car le manque d'infrastructures routières fait qu'un seul petit fortin gardé par deux pauvres compagnies peut à lui seul arrêter une armée toute entière
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MANÉ Diégo sur 31 Aoû 2015, 22:37

Très bon topo de Bruno sur le "siège" de Toulon en particulier, et sur les sièges en général.

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Comme promis je vais m'attacher à vous exposer le point de vue espagnol sur ledit "siège" de Toulon.

Mais tout d’abord quelques dates pour situer le sujet dans son contexte général :

14 juillet 1789 : prise de la Bastille à Paris, la Révolution française commence.

20 avril 1792 : la France déclare la guerre à l’Autriche.

14 juin 1792 : formation de la 1ère coalition (dont Angleterre et Prusse) contre la France.

20 septembre 1792 : canonnade de Valmy. La République est sauvée (par les bijoux de la couronne).

24 septembre 1792 : proclamation de la République Française.

21 janvier 1793 : exécution du roi Louis XVI à Paris.

1er février 1793 : la France déclare la guerre à l’Angleterre et la Hollande.

7 mars 1793 : la France déclare la guerre à l’Espagne.

10 mars 1793 : soulèvement de la Vendée.

12 juillet 1793 : rébellion de Toulon contre la République.

20 juillet 1793 : le général républicain Carteaux commence sa campagne contre les rebelles d’Avignon (prise le 24 juillet) et Marseille (prise le 25 août).

9 août 1793 : le général républicain Kellermann assiège les rebelles de Lyon.

27 août 1793 : les rebelles de Toulon font entrer la flotte alliée dans le port.

8-9 octobre 1793 : les Républicains entrent à Lyon, début des massacres...

14 décembre 1793 : noyades de Nantes (massacres de «rebelles»).

19 décembre 1793 : les Républicains entrent à Toulon, début des massacres...

... à suivre...
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MANÉ Diégo sur 01 Sep 2015, 18:17

Prologue

Le 7 mars 1793 la République française déclare la guerre au Royaume d’Espagne.

Par voie de conséquence on vit dès lors naviguer de concert d’étranges alliés, les flottes d’Espagne et d’Angleterre jusque là opposées.

La flotte espagnole de l’amiral Langara croisait au large de Roses (Catalogne). Le 9 juillet sortait du Ferrol pour la renforcer une division navale commandée par le contre-amiral Gravina, le futur héros de Trafalgar.

La flotte britannique du vice-amiral Hood, qui croisait dans les eaux françaises, reçut la demande de secours des Toulonnais et demanda à Langara le renfort de six navires, mais l’amiral espagnol vint de sa personne avec toute sa flotte.

Les flottes alliées venaient à l’aide des Royalistes français de Toulon. Elles parviendront à conserver un certain temps la place, officiellement «au nom du roi Louis XVII», en réalité, au moins pour les Britanniques, avec d’autres vues, notamment sur la flotte française.

Au début de l’opération sur Toulon, tout le sud de la France était en fermentation royaliste, et l’intervention alliée bénéficia de la circonstance pour occuper le port de guerre sans coup férir. L’opportunité saisie il s’agissait de garnir la «tête de pont» avec les troupes d’infanterie de marine disponibles sur les vaisseaux, afin de résister à l’inévitable contre-attaque française jusqu’à ce que les Alliés puissent envoyer des troupes supplémentaires.

L’importance stratégique de Toulon, à mi-distance de l’Espagne et de l’Italie, saute aux yeux. Magnifique base navale pour le contrôle de la Méditerranée, elle constitue aussi une base terrestre défensive pour le littoral français. Sa possession par un agresseur lui ouvre le territoire... à condition d’employer à la tache des effectifs en rapport avec cette ambition.

Mais il ne fut rien tenté depuis les Pyrénées par l’Espagne comme depuis des Alpes par les Austro-Sardes, pour y concourir, et trop peu pour renforcer Toulon même. Au résultat les Républicains français furent laissés libres d’accumuler, jusqu’à leur victoire, les forces nécessaires à la réduction de la ville. Il aurait fallu 50000 hommes pour seulement tenir Toulon, or les forces alliées ne montèrent jamais à plus de 17000 hommes, dont 14000 en état de combattre à la fin de l’épreuve, alors que les Français aligneront jusqu’à 72000 hommes soutenus par une artillerie formidable... et bien commandée, elle !

Sur le plan politique on peut aussi s’interroger sur le comportement des Britanniques qui n’agirent pas avec la «diplomatie» requise, puisqu’ils limitèrent le contingent des troupes royalistes françaises, traitèrent la cité en pays conquis, et interdirent la venue du comte d’Artois que les monarchistes réclamaient à leur tête pour rallier de nouvelles forces.

... à suivre...
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MANÉ Diégo sur 05 Sep 2015, 08:58

Toulon avant l’entrée des flottes alliées

Les dirigeants «modérés» de Toulon, soutenus par la Garde Nationale, avaient formé un comité qui déclara illégal le gouvernement de la Convention et fit enfermer 300 Jacobins.

Mais la ville était un important port de guerre, et il fallait aussi compter avec la flotte, dont beaucoup des officiers, tous nobles, étaient de sensibilité royaliste, au contraire de leurs marins. 19 navires de ligne, 7 frégates et 9 corvettes étaient ancrés dans la rade. 13 autres vaisseaux et 10 frégates étaient en cale sèche, tandis qu’un dernier vaisseau et 9 frégates se trouvaient en mer ou en Corse.

Le contre-amiral comte de Trogoff, commande par intérim à bord du «Commerce de Marseille» de 120 canons. Il n’aime pas les Jacobins qui ont fait arrêter plusieurs de ses officiers et semé le trouble parmi les 6000 ouvriers de l’arsenal, paralysant son activité, stoppant les travaux de réparation, d’entretien et d’approvisionnement de ses navires.

Il a reçu l’ordre de la Convention d’appareiller de Toulon pour affronter les flottes alliées, mais le contre-amiral refusa de lever l’ancre tant que ses navires ne seraient pas dûment ravitaillés et approvisionnés. Accusé de trahison, il adopte dès lors une attitude ambiguë sans prendre aucune initiative pour l’un ou l’autre «camp».

Le 22 août les troupes de Carteaux arrivent devant Marseille. Le soir-même les chefs du comité local, qui savent le sort que leur réservent les Républicains, font appel à la flotte britannique, comme le fera bientôt Toulon. Mais la cité phocéenne ne possède pas les attraits du port de guerre (une flotte appétissante) et Hood décline la proposition pour des motifs «politiques, logistiques et stratégiques»... le 23 la ville est cernée... et condamnée !

Le jour-même, comme quoi les mauvaises nouvelles vont vite, le sort de Marseille est connu à Toulon dont les dirigeant, terrorisés à l’idée de tomber aux mains des Républicains, envoient une députation à Hood, se déclarant ennemis de la Révolution et fidèles sujets de la monarchie, et plus important pour le contre-amiral britannique, promettent d’armer la flotte de Trogoff contre la République, et d’ouvrir le port aux flottes alliées, pourvu que la ville reçoive leur aide contre les troupes françaises.

Le 25 Marseille tombe et Carteaux y exerce sans surprise la répression attendue tandis que la panique monte à Toulon dont les dirigeants demandent à Trogoff de joindre sa flotte à celles des Alliés. Malgré son antipathie pour la Convention le marin est réticent à mettre ses navires sous les ordres d’étrangers pour lutter contre son propre pays.

Hood lui promet de restituer les bateaux et le port à la France une fois restauré l’Ancien Régime... et Trogoff accepte... Mais pas son second, le contre-amiral Saint-Julien de Chambon, qui refuse de livrer les navires commandés par des capitaines fidèles à la République, comme lui.

Le 26 il envoie à terre des centaines de jeunes volontaires, marins inexpérimentés mais révolutionnaires fanatiques, qui occupent le fort de Balaguier, prêts à le défendre contre les «rebelles» où les troupes alliées qui interviendraient. Toute la journée se passe en combats sporadiques entre gardes nationaux et marins.

Le 27 Saint-Julien éloigne ses navires des batteries portuaires qui le menacent et manoeuvre vers la haute mer en formant ligne de bataille entre les flottes alliées et celle de Trogoff... Mais coincés entre ces trois adversaires ses marins désertent en masse, abandonnant leurs navires aux Alliés qui capturent ainsi 8 vaisseaux, 5 frégates et 7 corvettes, faisant 5000 prisonniers. Quoiqu’il arrive ensuite c’était déjà une grande victoire pour la marine britannique.

Le 28 les autorités de Toulon prennent officiellement parti pour Louis XVII dans l’espoir d’attirer enfin les Alliés à leur aide. Les partisans de Saint-Julien à terre fuient tandis que leur chef se rend aux Anglais en haute mer pour ne pas être lynché par les Royalistes.

A 9 h 15 ordre du comité est donné d’envoyer les signaux à la flotte de Hood, lui assurant la bienvenue dans le port. La flotte anglaise s’approche en dispositions de combat, prête à riposter, mais c’est vrai, elle est la bienvenue, et à 11 h 30 commencent à débarquer sur les quais 1200 fantassins et 200 marins anglais ; peu après atterrissent 3000 fantassins espagnols de l’escadre de l’amiral Langara. Toulon est passé sous le contrôle des Alliés.
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