Guillaume,
Le document 1 nous apprend que :
ROUSSEAU Henry, 35 ans, «Sergent dit des grenadiers du 3e Bataillon» du 2e Régiment de la reine, infanterie de Ligne, 1 mètre 55 cm, reçoit un congé absolu» en Juillet 1814.
Les Bourbons se délestèrent au maximum de tout ce qu'ils purent de soldats impériaux.
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L’homme était entré au service le 1er mars 1793 (à 16 ans !), caporal le 2 septembre An II de la République (1793), Sergent le 24 Septembre An X (1800). Légionnaire le 14 Juin 1813.
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Campagnes de 1793 à l’Armée du Nord, 1794 à l’Armée de l’Ouest, 1795-1796 à l’Armée du Bas-Rhin, 1797-1799 à l’«Armée Helvétique»*, 1800 à l’Armée du Danube.
* Je suppose qu'il faut lire "Armée d'Helvétie".
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1813-1814 à l’Armée du Nord (Grande Armée)...
Je ne comprends pas l'utilisation, en juillet 1814, de l'appellation "Armée du Nord" qui n'existera qu'en 1815. On peut avoir désigné ainsi les forces agissant en Belgique (le 1er corps du GD Maison), mais le 2e de ligne n'y figurait pas, et comptait bien, en revanche, au IIe corps de Victor puis Gérard en 1814.
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Blessé à l’annulaire de la main gauche à l’affaire de Schendeleck (?).
La date de cette "affaire" inconnue n'est malheureusement pas donnée, si bien qu'elle a pu se produire n'importe quand entre 1793 et 1814 et donc concerner dans l'ordre relatif les 76e, 140e et 2e régiments. Toutefois le Six ne mentionne aucune "affaire" du genre aux deux derniers régiments.
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Signé par le Maréchal de Camp Boivin (1748-1832), mis à la retraite pour incapacité le 10 août 1813, mais rappelé par les Bourbons le 4 juillet 1814, juste pour signer les congés absolus de gens capables, et récompensé par la croix de chevalier de Saint-Louis le 16 août 1814.
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Le document 2... dit...
2e colonne
«Arrivé au corps le 4 juin 1812... incorporé venant du 76e régiment...
domicilié précédemment à Quimper, profession menuisier...
3e colonne
Caporal
Sergent le 30 août 1790 (à 13 ans ? J’en doute !).
... le 12 janvier 1813 (la 43e cohorte devient le 140e de ligne)
... le 23 juin 1813 (?)
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Chevalier de la Légion d’Honneur le 14 juin 1813
Probablement à la suite de Lützen (2 mai 1813).
Les récompenses pleuvaient après chaque bataille en général. Elles plurent tout particulièrement après Lützen au IIIe corps de Ney, pour faire passer la "pilule" amère des énormes pertes subies !
Il y avait cependant toujours un délai entre l'attribution et sa confirmation par lettres patentes.
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4e colonne
Entré au service le 19 avril 1793 au 9e Bataillon de fédérés.
Incorporé au 76e régiment le ?
Voir le document de Frédéric Berjaud au lien plus bas.
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Campagnes... avec des différences avec l’autre document.
Notamment «Prisonnier de guerre l’An 8 et 9 (1797-1798)
Si prisonnier des Autrichiens probablement interné en Hongrie ou Roumanie.
Le plus important camp de prisonniers de la période était Timisoara.
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Passé au 2e de ligne le 21 mai 1813 (la date, celle de Bautzen, interpelle, mais bon !).
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Nous avons donc un joyeux mélange sur le même document.
Il semble toutefois en ressortir deux «lignes de force».
1. L’homme a été «Soldat de l’An II», et a fait les campagnes de la République au 76e de
ligne. Pour suivre ce régiment voici le lien idéal avec le travail relatif de Frédéric Berjaud :
http://frederic.berjaud.free.fr/076edel ... eligne.htm-------------------
Rousseau a ensuite probablement quitté le service à la paix de Lunéville puisqu’il est
mentionné menuisier (profession qui ne s’improvise pas) à Quimper lorsqu’il «rempile» en 1812 dans la 43e Cohorte de la Garde Nationale, celle du Morbihan, qui deviendra le 140e de ligne le 12 janvier 1813.
Sur les cohortes lire :
viewtopic.php?f=1&t=492&p=7454&hilit=cohortes#p7454--------------------
Le 140e régiment d'infanterie de ligne sera très sévèrement engagé à la bataille de Lützen, le 2 mai 1813, subissant de très lourdes pertes, et c’est probablement pour sa conduite en cette circonstance que Rousseau sera fait chevalier de la Légion d’Honneur.
10e Division, GD GIRARD, 8.131 h, 16 pièces
Brigade GB Van Dedem de Gelder, 4.630 h
I à IV/140e de Ligne, Colonel Pascal, 4 bataillons, 2.625 h
I à IV/141e de Ligne, Colonel Pignet, 4 bataillons, 2.005 h
Sur la bataille de Lützen voir :
http://www.planete-napoleon.com/docs/18 ... autzen.pdf260 croix de la Légion d'Honneur furent attribuées à la division ci-devant Girard (blessé grave), désormais commandée par le GB Van Dedem de Gelder qui dit n'avoir plus que 2480 h le soir de Lützen.
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Rousseau passera ensuite au 2e de ligne le 21 mai 1813 (pourquoi ? mystère !).
Ce régiment avait trois de ses bataillons au IIe corps d’armée du maréchal Victor au 15 août 1813.
6e Division : GD Baron VIAL, 8.264 h, 16 pièces
Brigade GB Marquis de Valory, 3.667 h
I/II/IV/11e Léger, Colonel Poinsot, 3 bataillons, 1.836 h
I/II/IV/2e de Ligne, Major Moreau, 3 bataillons, 1.831 h
Il livra bataille à Leipzig du 14 au 19 octobre 1813, et fit toute la campagne de France de 1814; Brienne, La Rothière, Montereau, Bar-sur-Aube, Laubressel...
Sur la bataille de La Rothière voir :
http://www.planete-napoleon.com/docs/1814.4eLigne.pdfSur la bataille de Laubressel voir :
http://www.planete-napoleon.com/docs/18 ... icleDM.pdf-----------------------
Je vous ai mis les éléments ci-dessus car une question reste pendante; où se trouvait donc Rousseau ?
En effet, son "congé absolu" le donne comme appartenant à la 3e compagnie de grenadiers (bien qu'il soit petit pour la fonction... mais sergent!), celle du IIIe bataillon du 2e de ligne...
Or le IIIe bataillon du 2e de ligne faisait partie de la garnison de Magdebourg... qui ne capitula que le 20 mai 1814... ce qui rend impossible la présence de Rousseau à Paris le 3 mai 1814 pour recevoir la décoration du Lys des mains du duc de Berry...
Les IIe, IVe et Ve bataillons faisaient partie de la garnison de Besançon, dont l'état de siège ne fut levé que le 2 mai 1814... ce qui rend de même improbable toute présence à Paris début mai 1814.
Seul le Ier bataillon, réduit à une vingtaine d'hommes fin mars 1814, fit la campagne de France... et comme le colonel Corvinus fut tué en défendant Paris le 30 mars 1814, peut-être Rousseau faisait-il partie de la poignée de braves qui lui restait.
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Pour la décoration du Lys, donnée par les Bourbons aux troupes de la Garde Nationale pour les remercier d'avoir gardé pour le roi sa bonne ville de Paris après le départ des troupes de ligne, elle signifierait que Rousseau s'était alors agrégé à ladite Garde Nationale de Paris. Sinon je ne vois pas.
Quoi qu'il en soit, pour notre homme la décorations reçue comme Garde National suivit de peu (pas même un mois) le départ de l'Empereur, et précéda de même le "congé absolu" qu'on lui accorda en tant que sergent de grenadiers du 2e de ligne, devenu "régiment de la reine".
Le document ne précise pas si ce fut de gré ou de force qu'il prit congé.
La réponse serait claire si nous savions ce que fit notre homme en 1815 ?
Diégo Mané
