1815. Armée (anglo-alliée) des Pays-Bas

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

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Re: 1815. Armée (anglo-alliée) des Pays-Bas

Messagepar MANÉ Diégo sur 24 Mai 2015, 14:54

MANÉ Diégo a écrit:Je m'appuie sur le dernier message de Nicolas-Denis Remÿ pour le commenter avant de développer le sujet.

REMY Nicolas-Denis a écrit:
Pour l'auteur (Hofschröer), les bataillons des 2 régiments de Nassau sont constituées de jeunes recrues et de quelques volontaires. Moins d'un tiers des troupes disposent d'une réelle expérience de guerre alors que la majeure partie des officiers sont des vétérans et les sous-officiers ont entre 4 et 5 ans d'expérience.


OK

Le 1er régiment, basé dans le Duché, est levé le 24 mars 1815. Les deux bataillons cadres sont augmentés d'un 3e btl de Landwehr et l'effectif est porté à 71 officiers et 2974 hommes, dont 1000 sont sans expérience.


Contradiction avec le paragraphe précédent qui donne moins d'un tiers de soldats expérimentés, alors qu'ici la proportion s'inverserait à moins d'un tiers d'inexpérimentés. Cela changerait tout !

Parmi les officiers de ce régiment, nombre sont d'anciens cavaliers du régiment de cavalerie de Nassau promus à des postes de rang supérieur. Dans le btl de Landwehr, à part les capitaines, qui sont d'anciens cavaliers vétérans, le reste sont tirés de volontaires et de réservistes sans aucune expérience.


OK, tout cela ne va pas dans le sens d'une troupe manoeuvrière.

Le 2e régiment est composé de 3 bataillons de réguliers avec 89 officiers et 2738 hommes (86 officiers et 2584 hommes le 31 mai)


La phrase semble signifier qu'il n'y aurait pas de bataillon de landwehr dans le 2e régiment mais trois bataillons "réguliers"... Or j'ai constamment lu partout la présence de ces landwehrs...

Le régiment d'Orange Nassau a lui 2 bataillons à 5 compagnies et ne dispose que de 39 officiers et 1427 hommes et d'une compagnie de volontaires de 3 officiers et 166 hommes


J'ai le détail début juin, plusieurs fois recoupé, un poil plus élevé, à 1581 hommes.

1er bataillon, LC van Dressel, 28 officiers et 865 soldats, total 893 hommes.

2e bataillon, Major Schleijer, 22 officiers et 666 soldats, total 688 hommes.

Sachant que l'effectif théorique d'une compagnie s'élève à 140 hommes, et celui du bataillon à 840 hommes, on constate que le 1er bataillon, formé plutôt est plus "gras".

Comme il y a trois officiers par compagnie, cela fait 18 pour les six compagnies, et donc au 2e bataillon 4 pour son état-major, le 1er bataillon comptant sans doute en sus l'état-major du régiment sous le colonel duc de Saxe-Weimar.

De ces éléments il ressort comme totalement illogique une composition à cinq compagnies, qui les monterait chacune très au-dessus de l'effectif théorique et laisserait quantité d'officiers sans emploi.

Cette composition bizarre à cinq compagnies... était aussi attribuée aux landwehrs par Johnson.

Je viens de regarder dans le Bowden (Armies at Waterloo) qui donne lui aussi les landwehrs à cinq compagnies (lequel a suivi l'autre, et qui donc a "suivi" le premier des deux ?)... idée dont je suis personnellement revenu lorsque j'ai constaté que le nombre d'officiers encadrant ces landwehrs était le même que dans les bataillons réguliers... ôtant dès lors l'hypothèse d'un manque de cadres qui aurait pu justifier la suppression d'une compagnie.

Autre argument allant dans le même sens, que j'ai trouvé dans le rapport du 3e bataillon du 2e de Nassau à Waterloo (donné dans Les Carnets de la Campagne n° 4 page 31). C'est le capitaine Rettberg, déjà cité, commandant "la 3e de flanqueurs (flanqueurs du 3e bataillon)" engagée à La Papelotte, qui nous dit : "En réponse à ma demande de renfort, le capitaine Frensdorf (commandant alors p.i. le bataillon) mit sous mes ordres les 10e, 11e, et 12e compagnies, auxquelles se joignit la compagnie de flanqueurs du 2e bataillon de notre régiment", ce qui tendrait à confirmer l'existence de 12 compagnies du centre au 2e régiment, indépendamment des compagnies d'élite nommément désignées. Tout cela est décidément bien militaire... Alors, à moins que l'on aie "perdu" la 9e compagnie, je ne vois pas pourquoi le bataillon de landwehr, au moins celui du 2e régiment, n'aurait que trois compagnies du centre au lieu de quatre.

Poursuivant mes investigations "comptables" dans les mêmes rapports je trouve, concernant toujours le 3e bataillon (landwehr) du 2e de Nassau, qu'au-début de la bataille, 4 cies sont en réserve. Donc probablement 4 cies du centre, mais aussi peut-être 3 cies du centre et la cie de grenadiers... car la cie de flanqueurs est envoyée à La Papelotte.

Ensuite donc les 10e, 11e et 12e cies la renforcent, ainsi que la 2e de flanqueurs... intervient alors la méprise avec les Prussiens... Rettberg se retire... puis se joint à leur avance, mais semble n'avoir plus que deux cies, la sienne et celle du capitaine Reichenau, car il a "semé" les autres et le prince de Saxe-Weimar (le commandant de la brigade) leur a ordonné de se joindre aux "deux compagnies du 3e bataillon restées dans leur position".

Ces deux compagnies pouvant alors être la 9e et la compagnie de grenadiers, cette dernière n'étant citée qu'en toute fin de bataille comme envoyée former le lien avec les Prussiens.

Bref, des réponses, encore des réponses, toujours des réponses, mais qui ne tranchent pas, malgré leur précision, le doute instillé par certains auteurs et surtout leurs suiveurs.

Dès lors et dans le doute raisonnable jusqu'à ce que quelqu'un, sources fiables à l'appui, vienne nous prouver le contraire, je vais me tenir à la version la plus logique en même temps que la plus "militaire", à savoir celle indiquée dans ses mémoires par le chef des troupes de Nassau, le général von Kruse, qui donne bien 6 compagnies dont deux d'élite à tous les bataillons des troupes du cru !

Je termine par une "note de couleurs", destinée à Jean-Baptiste dit Mortier, intrigué par les pompons de compagnies de ses Nassauviens miniature.

Compagnie de grenadiers : plumet rouge

1e compagnie : pompon jaune

2e compagnie : pompon blanc

3e compagnie : pompon bleu-ciel

4e compagnie : pompon noir

Compagnie de voltigeurs : plumet jaune à sommet vert * (1er régiment)

* plumet vert à sommet jaune au 2e régiment

Diégo Mané
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Re: 1815. Armée (anglo-alliée) des Pays-Bas

Messagepar MORTIER JeanBaptiste sur 24 Mai 2015, 15:35

MANÉ Diégo a écrit:Compagnie de grenadiers : plumet rouge

1e compagnie : pompon jaune

2e compagnie : pompon blanc

3e compagnie : pompon bleu-ciel

4e compagnie : pompon noir

Compagnie de voltigeurs : plumet jaune à sommet vert * (1er régiment)

* plumet vert à sommet jaune au 2e régiment

Diégo Mané


Merci de ces infos Diégo, je vais devoir refaire les plumets de mon régiment (avec tout ce que j'ai a faire arg!!!!!!). Je délaisse le débat sur les Nassau pour poser une question.

Qu'en est-il des Guards ?

En effet, les Guards de Cooke se sont battus et ont repoussé les Francais dans le bois du Bossu (bataille des Quatre-Bras) qui est de plus dense, ce qui porte à penser que dans leur entraînement ils ont reçu une instruction pour faire ce type de combat (la plupart des Guards étant des conscrits).

Mais de la à leur mettre un FT 2 (Faculté de Tirailleur) non, bien sûr, un FT 1 serait plus raisonnable vu le comportement de cette unité pendant la campagne de 1815.

Voilà, qu'en pensez-vous ?
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Re: 1815. Armée (anglo-alliée) des Pays-Bas

Messagepar REMY Nicolas-Denis sur 24 Mai 2015, 17:43

Bonjour,

Après des recherches complémentaires, le 2e régiment de Nassau (celui issu du régiment qui a fait défection en 1813 aux Britanniques) continue son service avec le même numéro, la même organisation et le même uniforme mais contre les Français en 1814 et 1815. D'après Aerts et Vaudecourt (Histoire des campagnes de 1814 et 1815 en France, Volume 4), ces troupes furent tirées par les Prussiens à Waterloo.
Ce régiment n'avait pas de Landwehr dans son organisation ( toutes les sources sont d'accord sur ce point là)
Les chasseurs volontaires de Nassau, qui ont aussi un uniforme vert mais payé à leur frais, sont levés en 1813 parmi les classes les plus aisées du duché et sont intégrés et encadrés, semble t-il de façon à montrer cela.

Le premier régiment de Nassau , appelé 1er léger , est lui issu de nouvelles troupes en décembre 1813. Il est dissout pour des raisons politiques en avril 1815, et on le reconstitue à partir du troisième régiment crée de toute pièce en mars 1815, en rapatriant des éléments du 1er régiment, celui prisonnier des Français, et de nouvelles levées. Ces dernières sont rassemblées dans le 3e btl. jugé peut fiable et d'abord laissé en arrière .
L'organisation est la même pour tous ces régiment à 6 compagnies théoriques dont deux d'élites.

NDR
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Re: 1815. Armée (anglo-alliée) des Pays-Bas

Messagepar MANÉ Diégo sur 24 Mai 2015, 21:51

Nicolas,

Parlant du 2e régiment de Nassau en 1815 tu écris dans le message précédent :

Ce régiment n'avait pas de Landwehr dans son organisation


Ce qui est bien aventuré... avant d'ajouter

( toutes les sources sont d'accord sur ce point là)


Ce qui pour le coup est faux, puisque rien que dans les échanges plus haut ressortent des éléments contraires... qui m'ont conduit aux choix logiques et militaires évoqués dans mon précédent message.

Ceci dit c'est blanc bonnet contre bonnet blanc. Qu'il s'agisse officiellement, comme je le crois, d'un bataillon de landwehr, ou comme tu pense pouvoir l'affirmer, d'un bataillon de "réguliers", ce qui est sûr, et là, effectivement, toutes les sources convergent, c'est la faible valeur combative de ce 3e bataillon, comparé aux deux autres, valeur parfaitement assimilable... à celle de la landwehr...

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Quelques éléments supplémentaires que j'ai trouvés :

Le capitaine von Reichenau, qui semble avoir mené une des compagnies du 2e bataillon du 2e de Nassau ayant renforcé Rettberg à La Papelotte relevait de l'état-major dudit 2e bataillon, et était ci-devant lieutenant de chasseurs à cheval, comme Rettberg lui-même d'ailleurs, les deux hommes illustrant bien le "reclassement" relatif de ces malheureux cavaliers en fantassins malgré eux !

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Le capitaine Büsgens, commandant le I/2e Nassau qui fut envoyé défendre Hougoumont, chiffre son effectif à 800 hommes* (soit ni les 600 vus ailleurs, ni les 900 des OBs... comme quoi...).
* Ce qui tombe singulièrement bien car mes bataillons de 24 au 1/33e font justement 800 h !

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Le 2e régiment de Nassau devait rejoindre le 1er sous les ordres de von Kruse, pour former la division de Nassau, chaque régiment étant renommé "brigade" (comme avant 1808), dont d'ailleurs ils avaient l'effectif. Mais le général Perponcher ayant fait de la "rétention" (façon Soult en Espagne avec les Lanciers de la Vistule dont il ne voulait pas se séparer), la mutation ne put s'opérer que pendant la marche sur Paris. La division Kruse releva dès lors du IIe corps sous Hill dont elle fit l'avant-garde !

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C'est le GL Belge Chassé qui prendra le commandement du Ier corps à la place du prince d'Orange.

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Le régiment d'Orange Nassau fut formé mi-janvier 1814 à partir de "plusieurs centaines" de soldats du ci-devant Grand Duché de Berg (donc des vétérans) et par voie de conscription (donc des novices).

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Je tiens bien entendu compte de tout cela dans mes travaux actuels sur les caractéristiques des troupes en 1815 et pour les OBs début juillet de la même année lors de la non-bataille de Paris !

Diégo Mané
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Re: 1815. Armée (anglo-alliée) des Pays-Bas

Messagepar MASSON Bruno sur 15 Mai 2019, 16:36

une transcription abrégée et traduite de la fin du Vol1 des "Waterloo Archives", traitant de sources primaires inédites, ou alors éditées dans de petits opuscules locaux peu après la bataille, 7 volumes traitants des sources anglo-alliées, non utilisées par Siborne ou un quelconque historien récent.

c'est dans la partie traitant des services annexes, plus particulièrement du service de santé. L'auteur de la lettre est le Deputy Inspector John Robert Hume, c'est lui qui a amputé Uxbridge et Sir Alexander Gordon, voila une version épurée/traduite de l'opération du premier. le flegme du patient est impressionnant....

il a donc pris à la fin de la bataille un biscaïen sous la rotule, qui a percé le sac sinovial, coupé le tendon rotulien, fracassé la tête du tibia, remplissant l'espace derrière la rotule d'esquilles d'os et de graviers, avant de ressortir de l'autre côté.
malgré tout il arrive devant le chirurgien parfaitement composé et cohérent, supporté par 2 aides de camps. Ledit chirurgien demande à un de ses confrères un couteau "qui n'a servi encore pour personne" car son matériel "avait déjà été fortement utilisé ce jour-là". le pouls pris avant l'opération est à 60 (Waouh!), le patient se remet complètement dans les mains du chirurgien, et s'allonge sur une table, se couvrant simplement les yeux de son bras. le chirurgien dégage l'os à couper avec son instrument puis commence à scier sans que Uxbridge ne bouge (gloups!). Vers la moitié de la coupe, son assistant fait l'erreur de remonter le membre à couper, ce qui bloque la scie dans l'os. Uxbridge regarde alors les acteurs, et leur demande calmement s'il y a un problème, puis sur l'assurance que non, reprend la pose sans plus de paroles (regloups!). Une fois que l'amputation est terminée et le moignon recouvert et suturé, on reprend le pouls du patient, 66 (re-waouh!)

Il a de la glace dans les veines, ce gars-là
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Messagepar MASSON Bruno sur 15 Mai 2019, 16:56

Pour Alexander Gordon, la blessure est due à une balle de mousquet qui a pénétré la cuisse, lésé l'artère fémorale et fracassé le fémur en plusieurs morceaux avant de se loger derrière la rotule.

Le chirurgien est en plein pansement au moment où le blessé est amené, et dit lui-même ne l'avoir ausculté que 10/15 minutes après sa blessure. celui-ci avait perdu beaucoup de sang et se plaint d'une très forte douleur, donc Hume a préféré l'opérer sur place plutôt que de l'envoyer au QG de Welley à Waterloo, la route étant trop encombrée et défoncée pour qu'il voyage vite et confortablement.

l'opération se passe bien, réalisée avec l'aide d'un médecin de l'artillerie, et le patient , bien qu'un peu faible, questionne les 2 opérants sur les blessés qu'ils ont vu passer, et sur ses handicaps futurs. Il est transporté dans la maison de Wellington à Waterloo, et dès qu'il est mis au lit, commence à s'agiter et à se plaindre de douleurs.

le DI envoyé cherché, vient dès qu'il peut , et réexaminant le moignon, trouve une certaine quantité de sang veineux commençant à imbiber le pansement. Une fois celui-ci ouvert, il semble que la veine fémorale suinte un peu, la ligature est refaite, et on ôte entre 8 et 10 onces de sang coagulé. le patient se trouve mieux pendant une partie de la nuit, mais à 1h, il recommence à se plaindre, et continue d'être agité jusqu'à sa mort, complètement épuisé, vers 3h du matin.
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Messagepar MASSON Bruno sur 15 Mai 2019, 17:28

une autre série d'information qui nous concerne plus, nous les pousseurs de plomb:

-tout d'abord la confirmation de la présence de plusieurs compagnies de légers dans les bataillons de foot guards, puisqu'un lieutenant de la "compagnie légère surnuméraire" du 2/2nd FG sera nommé dans la "compagnie légère régulière" le 19 pour compenser la perte en officiers. Il dit aussi qu'au soir de Waterloo, son bataillon ne comportait plus que 350 "Rank&files"

-ensuite l'utilisation systématique de la part des bataillons de landwehr hanovriens de tirailleurs sur leur front, que ce soit à 4 bras ou à Waterloo, de façon efficace face aux français

-l'histoire du hussard du duc de Cumberland, que son commandant va d'abord amener sans ordres juste derrière la haie sainte, où il va souffrir fortement du feu de l'artillerie, puis de ce même officier commandant qui va emporter son régiment hors du champ de bataille, toujours sans ordres.Il n'est plus ici question de fuite du régiment, mais d'un repli régulier, volontaire, bien qu'absurde. Le commandant sera licencié....

la relation de ce Scot Grey rencontrant un cuirassier français, lui assenant un coup sur la cuirasse "qui a manqué de lui briser le bras", le cuir riposte par un coup de pointe que le Scot pare, avant de contre attaquer par un coup de taille qui découpe le visage du français "comme on coupe une pomme"...
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Messagepar MASSON Bruno sur 02 Juin 2019, 13:14

de la relation d'un lieutenant du 2nd light KGL, vers la fin de la résistance, étant vers l'avant du bâtiment , il choisi de rejoindre son capitaine et de se rendre (dans les 2 sens du terme) dans la grange (les français de la court n'étant visiblement pas très enclins à faire des prisonniers).

il est envoyé à l’arrière après avoir été pillé par les français et légèrement molesté quand on trouve sur lui 5 montres en or provenant des cuirs tombés près de la ferme

vers la fin de la journée, il est transféré avec un groupe de son bataillon en direction de Genappe, et abandonné par ses gardes dans une grange sur le bord de la route. arrive un autre groupe de soldats qui annonce avoir reçu l'ordre de brûler la grange sans savoir qu'elle était occupée.

un mouvement de foule se produit alors quand les prisonniers se rendent compte que les français se préparent à exécuter leur ordre sans égards dus aux occupants, ce qui permet au lieutenant de s'éclipser avec une petite demi-douzaine de ses soldats.

A ce moment, la soif dont il parle tout au long de sa lettre (rien bu depuis tôt le matin) devient insupportable, et au milieu de la court il y a un puits, gardé par un garde impérial qui semble un peu esseulé, donc il tente le bluff, et se dirige vers lui en l'apostrophant de son meilleur français.
le garde lui répond sans s'émouvoir en parfait allemand "Vous, vous n'êtes pas français"

le lieutenant joue alors cartes sur table, expliquant qu'il est hanovrien de la KGL, originaire de Hameln, et le garde lui répond, "Hameln, je connais, j'y étais caserné avant que nos généraux ne nous trahissent".
En le questionnant un peu sur la ville, le KGL se rend compte que ça a l'air d'être vrai, donc il lui demande le pourquoi de son uniforme, et le garde lui dit qu'a tout bien considéré, en 1803 il avait préféré être soldat que prisonnier, et qu'il avait fait toutes les campagnes en Europe du Nord depuis la Prusse jusqu'à la France l'année passée dans l'armée française.

Sur ce, après lui avoir donné du vin de sa gourde, il lui dit de passer sur le côté de la route, et de marcher une lieue, qu'il y trouverai les avant-postes Prussiens, et en effet, il y trouve un piquet de 2 uhlans qui le redirigent vers l'armée Anglaise
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Re: 1815. Armée (anglo-alliée) des Pays-Bas

Messagepar MASSON Bruno sur 02 Juin 2019, 13:30

de la relation du commandant du 1/2nd Nassau il apparaît que le bataillon a reçu l'ordre le 18 au matin de se rendre dans Hougoumont pour la défense du château. Il y arrive vers 11h30 et n'y trouve....personne! Les murs sont percés de meurtrières et des plateformes de tir sont placées, mais la position n'est pas défendue....

un bataillon de garde anglaise est alors déployé en ligne au dessus de la position, en soutient de l'artillerie qui la surplombe, mais rien de plus près

les 800 hommes sont alors coupés en deux, la wing de gauche (2 Co du centre et les légers) dans le bois et le verger, où ils retrouvent les Gelernte-Jäger de Brûnswick faisant les avant-postes, tandis que la wing de gauche (2 Co du centre et les grenadiers) sont positionnés dans les bâtiments.

Il dit aussi qu'il y ont trouvés un chariot de munitions d'infanterie, qui leur a permis de remplir leurs cartouchières vides. En effet, avant 4-Bras, Saxe-Weimar s'était plaint que ses soldats ne possédais qu'en moyenne 10 cartouches par hommes, ils ont combattu le 16 et n'ont jamais été ravitaillés.

les 400 Nassauers sont donc les seuls présents dans la ferme lorsque les hommes de Jérôme attaquent pour la première fois, les légers de garde n'arrivant qu’entre les 2 premières attaques
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Messagepar MASSON Bruno sur 14 Juin 2019, 09:59

en fouillant un peu plus, il semble que le vide du château ait été causé indirectement par le Prince d'Orange qui, sans en référer à Wellington, trouvant qu'une unité constituée serait plus à même de se défendre qu'un détachement, fusse-t-il d'élite, et qu'il valait mieux garder les unités de la 1e div intacte pour une éventuelle contre-attaque, a envoyé l'ordre de remplacer les guards par le bataillon de Nassau.

sauf que les guards sont à côté de Hougoumont, et que le bataillon de Nassau est au centre du dispositif Anglo-Allié, donc les compagnies d'élites sont parties avant 11h et il a fallu plus d'1/2 heure pour leur remplaçant pour recevoir l'ordre et arriver à destination
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Re: 1815. Armée (anglo-alliée) des Pays-Bas

Messagepar MASSON Bruno sur 05 Juil 2019, 14:24

toujours dans les anecdotes du 18 juin.
premièrement, l'histoire de Ponsonby trahi par son cheval et rattrapé par des lanciers français est une légende.
L'escadron du centre du 1st Dragoon est commandé par un Lieutenant, le capitaine étant malade depuis le 15 (il reviendra le 19 pour la suite de la campagne). Il explique que la "Division" d'Erlon (le 1e corps ou au moins la partie attaquant la 5th Division) était formé en carré plein au moment de recevoir la charge de l'Union brigade, que le 1st en attaqué l'angle gauche et les Scot Greys l'angle droit
les 2 escadrons (gauche et droite de chaque régiment) attaquant de face ont subit de lourdes pertes avant que les 2 autres escadrons ne puissent pivoter pour attaquer chaque flanc.

Lui étant dans l'escadron du centre dit que sa troupe a peu souffert à ce moment, et que les Inniskinllen ont été peu touchés eux aussi. Pour la cohésion de brigade, ils est à supposer qu'ils faisaient le centre, et donc étaient en retrait s'ils ont été épargnés.

il dit aussi que suite à l'attaque de l'infanterie et la capture des 2 aigles, Ils ont attaqué à gauche de l'infanterie en carré qui les a repoussé (sans doute une partie de Durutte). Ponsonby est alors venu lui demander de reformer ses hommes et de se replier vers la brigade, et que c'est à ce moment là que ledit carré leur a décoché une volée qui a tué sur le coup le général, et qui l'a blessé de 2 balles, mais assez légèrement. il dit aussi que Ponsonby est tombé dans le chemin creux à gauche de la 5th...
le lieutenant s'est alors dirigé vers ses lignes pour se faire panser, mais pendant sa remontée un boulet a emporté un antérieur de son cheval, et qu'il s'est retrouvé piéton. Il a alors rejoint le centre du carré du 28th, qu'il n'a pu quitter avec sécurité qu'après 18h. Il dit que ce bataillon a eu à repousser 2 autres attaques d'infanterie en ordre serré pendant qu'il était présent.

Comme quoi une partie au moins du 1er corps a bien fini par se reformer et repartir à l'assaut, même si ça a du être en formations ad'hoc
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Re: 1815. Armée (anglo-alliée) des Pays-Bas

Messagepar MASSON Bruno sur 09 Juil 2019, 14:37

Un autre Ponsonby (Lieutenant-colonel, surnommé "Fred") était présent, aux commandes du 12th (Prince of Wales' own) light dragoon - brigade Vandeleur, il a été blessé plusieurs fois et a survécu, son histoire est édifiante.

Placé à l’extrême gauche du dispositif anglo-allié, partiellement derrière les brigades de Best et Vincke, engagé plus ou moins sans ordres (Uxbridge était pas loin, et n'a pas arrêté de se déplacer pendant toute la bataille, et a donné beaucoup d'ordres verbaux), il a commis partiellement la même erreur que l'Union brigade qu'il a dégagé. Le 12th au moins s'est engagé jusqu'à la grande batterie, et a souffert du feu de l'infanterie (de la garde?) placée derrière.

Alors de les heavies remontent la pente vers les lignes anglaises, Vandeleur s'engage pour stopper les lanciers de Jacquinot, qui s'acharnent sur les blessés/démontés/égarés. Cette brigade de light dragoons s'avance alors en oblique entre la gauche de Durutte en carrés et la brigade Kempt qui est en ligne sur la crête au niveau du chemin creux, et qui tire tout droit dans la fumée.
Le général Kempt racontera plus tard à Fred Ponsonby qu'il a couru là le plus grand danger de toute la journée, en se jetant devant sa brigade pour lui faire cesser le feu le temps que Vandeleur passe.
Ponsonby est alors blessé par une balle "internationale" et son cheval tué, il se retrouve au sol, incapable de se remettre debout.

Un lancier français débandé le voit alors bouger, et s'élance sur lui en s'écriant "comment, coquin, tu n'es pas encore mort!" et le pique plusieurs fois, Fred a alors la bouche qui se rempli de sang, et perd connaissance.
Il est réveillé par le contact d'un français en train de le dévaliser, et tente de se rendre à lui pour recevoir des soins; mais le trainard ne l'écoute pas.

Plus tard, un peloton de voltigeurs arrive et les premiers soldats sont près de l'achever quand leur lieutenant (un nobliau lombard qu'il retrouvera plus tard en proscrit en italie) les arrête, le fait adosser à un sac récupéré d'un soldat tombé, et lui donne du brandy tiré de sa gourde. Le peloton reprend sa marche en avant, et le lieutenant lui assure qu'il lui fera envoyer du secours s'ils sont vainqueurs.

Quelques temps après, un français (issus du peloton?) en se repliant vers ses lignes, s'agenouille près de lui pour faire le coup de feu puis recharger plusieurs fois, puis l'abandonne en lui disant "tu dois être content, nous retraitons"

Plus tard, il voit foncer sur lui un régiment de lanciers prussiens (landwehr?) au galop, dont les sabot le frappent plusieurs fois, l'envoyant valdinguer plus bas dans la pente, puis un "allemand" (prussien? hanovrien? nassau?) le refouille à la recherche de butin, mais ne trouve plus rien. Il ne s'intéresse pas non plus à ce que lui dit l'officier.

Finalement, la nuit tombée, un fantassin anglais passant dans le coin le découvre, le relève, et se poste en sentinelle devant lui toute la nuit, puis au jour venu appelle du secours pour l'emmener à l’hôpital de campagne de Waterloo. Étant alors plus mort que vif, il ne saura jamais qui est ce soldat salvateur, n'ayant pas compris la réponse à la question qu'il lui a posé sur son unité.
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Re: 1815. Armée (anglo-alliée) des Pays-Bas

Messagepar MASSON Bruno sur 19 Juil 2019, 12:13

Toujours dans les lettres écrites en général pendant la campagne, j'ai appris que le vergers d'Hougoumont était entouré d'un A-ha en plus d'une haie de branchages, ce qui a permis à ses défenseurs d'être presque totalement à l'abri du feu des assaillants, car, debout contre le mur extérieur, le terrain à l'extérieur se trouvait alors plus ou moins à hauteur d'épaules, et donc de tir

les attaques sur le chateau se sont en fait arrêtées vers 16h30, et par la suite on s'est contenté de se fusiller à travers les branches, les anglo-brunswicko-nassau sur les murs et les français dans le bois.

des Coldstream guards, il n'est resté que les 6e et 7e compagnies sur la crête, à la garde des couleurs, le reste a fini détaché à la défense du point d'appui, avec l'aide des compagnies d'élite de la brigade Maitland. ces deux compagnies orphelines sont les seules à avoir participé à l'avance de la fin de la journée, le reste de la brigade Byng étant trop épuisé par le combat contre Jérôme.

un autre compte rendu du 3/1st FG complète les dires d'Olfermann, complimentant les carrés de brunswick placés à côté du sien, qu'il déclare s'être comporté "on ne peut mieux" face aux attaques françaises.cela contredit complètement l'hagiographie de Mercer, mais c'est écrit le 19 juin 1815 à sa famille, pas en 1837 dans une publication censée appuyer l'avancement d'un Major d'artillerie aigri qui se sent lésé de n'avoir toujours pas reçu "son bataillon", comme il le fait entendre aux personnes à qui il demande de l'aider à cette époque....

pour en revenir aux Hussards de Cumberland, un officier du génie alors dans l'état-major de Wellington donne une relation qui semble expliciter le comportement de cette unité:
le colonel reçoit par 2 fois l'ordre de charger de la part du GQG qui est à moins de 200 yards de sa position, un peu en arrière, mais ne bouge pas et ne répond pas. Wellington lui demande alors de s'en aller ("get off"), et le colonel lui répond qu'il lui est reconnaissant de reconnaitre ainsi la faible qualité de cette unité. il fait alors réaliser un demi-tour complet en ligne au régiment, et prend la direction de Bruxelles au pas "dans le plus grand ordre", manquant d'emporter le GQG avec lui...
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Re: 1815. Armée (anglo-alliée) des Pays-Bas

Messagepar MASSON Bruno sur 28 Aoû 2019, 16:36

Voici d'autres informations sur la campagne 1815 du côté des Bons (forcément, ils ont gagné!).

-le 17 Avril est émis un general order demandant à toutes les brigades de l'armée de rassembler leurs compagnies légères en bataillon ad'hoc, qui sera commandé par un officier d'état-major.

-confirmation que toutes les compagnies légères des bataillons de ligne de la KGL sont, pour la campagne de 1815, armées de Baker Rifles.

-dans la Haie-Sainte, une Wing du 2nd light KGL est déployée dans le corps de ferme, et l'autre devant dans le verger (où ils seront rejoints par un bataillon de Nassau). Le point de ralliement de cette dernière n'est pas le corps de ferme (pour éviter l'attroupement devant les accès en cas de retraite), mais le point en contre-pente d'où ils sont venus le matin. L'attaque de la ferme et surtout les cuirassiers de soutien leur feront beaucoup de mal, mais donc Baring n'a que 3 compagnies en tout et pour tout pour défendre les bâtiments, qui seront renforcées par la compagnie légère du 5th line KGL, et c'est à peu près tout.

-le colonel von Ompteda, mort à la tête du 5th KGL pris de flanc par un régiment de cuirs, est mort... d'une balle à la gorge (dixit son aide de camp qui l'a retrouvé au soir partiellement dévêtu, mais n'ayant que cette seule blessure).
Il a donc du tomber lorsque le 5th repoussait les assaillants français de la Haie-Sainte, juste avant la charge de cavalerie française.

-enfin, pendant l'après-midi, il y a eu un grand mouvement de panique sur les arrières de l'armée coalisée, et les bagages de l'immense majorité des unités ont été pillés/ont disparu. L'armée n'ayant pas été payée avant début Juillet, bien peu ont été les soldats et officiers capables de se racheter le strict minimum avant Paris, où les prix sont (déjà!) horriblement chers.
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Re: 1815. Armée (anglo-alliée) des Pays-Bas

Messagepar MASSON Bruno sur 03 Sep 2019, 17:17

Sur les troupes qui faisaient les avant-postes dans le bois de Hougoumont, mea culpa, il ne s'agit pas de l’ Avant-garde de Brünswick, qui se trouve en fait à Braine-l'Alleud de l'autre côté de la rivière jusqu'à 16h. Ce qui m'a "enduit avec de l'erreur" (Splatch-Splatch!) ce sont des rapports parlant de Jägers de Brünswick riflés. Or je viens d'apprendre que, bien que la séparation de la Maison du Hanovre (Brünswick-Lünebourg) de la Maison de Brünswick (Brünswick-Wolfenbuttel), date du début du XVIIIe, il était encore courant que l'on parle en 1815 de "Brunswick" quand on voulait dire "Hanovre". Ces rifles étaient des flanqueurs des feld-bataillons Hanovriens...
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