par MANÉ Diégo sur 22 Mai 2015, 17:06
Les troupes de Nassau en 1815 (par Diégo Mané le 22/05/2015)
Le Rawkins dit qu’en 1814 une «brigade de Nassau» est créée par les Alliés avec la formation d’un 3e régiment, d’un régiment de Landwehr et d’une compagnie de Jägers.
Ce 3e régiment est ensuite débandé pour reformer le 1er régiment en 1815, donc composé de soldats n’ayant pas fait l’Espagne (rien à voir avec les vétérans d’i-celle).
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Les Carnets de la Campagne n°1 parle du 2e régiment, dont les bataillons alignent chacun environ 900 hommes en 6 compagnies dont deux d’élite (y compris donc le bataillon de landwehr)... le texte dit cependant que «le 18 juin à 9 h 00, le prince d’Orange envoie les 6 compagnies du 1er bataillon -soit environ 600 hommes, dit le texte !- ... à Hougoumont.»
L’uniforme de ce 2e régiment correspond à celui que l’on connaît d’Espagne... mais les troupes ne semblent plus être les mêmes car «un témoin britannique raconte que les troupes de Nassau sont composées de très jeunes hommes et que les officiers paraissent souvent à peine sortis de l’enfance. Néanmoins, Wellington les considère comme excellentes après son inspection du 28 avril.»
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Les Carnets de la Campagne n° 4 parle de la 2e division des Pays-Bas, qui comprend le 2e de Nassau et le régiment d’Orange-Nassau. Le détachement du 2e de Nassau en faveur d’Hougoumont est donné (par le chef d’état-major de la division) pour 800 hommes.
Page 29 je note que «La compagnie de grenadiers du 3e bataillon Nassau (landwehr du 2e régiment) se relia aux troupes prussiennes...».
Je relève par ailleurs, à au moins deux reprises, dans le placement des troupes du 28e d’Orange-Nassau, que sont citées 4 compagnies (probablement du centre), ce qui signifie que 2 autres (probablement d’élite) sont utilisées séparément).
Page 30, consacrée aux régiments de Nassau, nous avons le témoignage de von Kruse qui commandait le 1er régiment. Il dit très clairement que ses trois bataillons (donc aussi celui de landwehr), sont formés chacun de plus de 900 hommes en 6 compagnies dont deux d’élite. Je note les passages suivants :
«La Papelotte fut occupée par la compagnie de flanqueurs du 3e bataillon (donc les landwehrs) du 2e régiment de Nassau.»
Le rapport du 3e bataillon du 2e régiment de Nassau dit : «Le prince de Sachsen-Weimar m’envoya avec ma compagnie, la 3e de flanqueurs («flanqueurs du 3e bataillon» précise le texte)...» et plus loin que «la 3e compagnie de flanqueurs... fut réduite... à la moitié de son effectif...»
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Dans l’Osprey n° 44 sur les troupes de Nassau on peut lire page 24, lors d’une attaque de cavalerie française à Waterloo que «As the vast majority of the Nassauers (il s’agit ici du 1er régiment) were young recruits in their first action, ... the young Nassauers stood firm».
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Alors de tout cela, faisceau de convergence amplement suffisant, ressort de manière certaine que les 3e (ou landwehr) bataillons de Nassau en 1815 étaient bel et bien organisés comme les deux autres et comportaient donc 6 compagnies dont deux d’élite, qui sont nommément et clairement citées par les mémorialistes présents aux combats.
Je dois donc en tenir compte de mon côté, au moins du point de vue de l’organisation et des uniformes de ces compagnies d’élite, probablement identifiées en tant que telle.
Maintenant, l’uniforme et l’appellation n’ont jamais fait le soldat. Considérer ces compagnies d’élite de même «valeur» que les compagnies du centre est possible, comme ce fût le cas pour les conscrits français de 1813, dont la répartition entre Grenadiers (les plus grands), Fusiliers, et enfin Voltigeurs (les plus petits), ne se décida qu’à la taille.
On peut aussi supposer raisonnablement, et je m’arrête à ce choix, que la composition des compagnies d’élite, qui ne fut pas faite dans l’urgence comme ci-dessus mais au contraire avec la minutie reconnue au créateur de ces landwehrs en 1814-15, le célèbre von Preen, qu’il y rassembla donc les meilleurs (ou les moins mauvais) sujets disponibles, leur donnant (ludiquement) le petit plus envisagé, soit 1 point de moral et 1 point de FT (faculté de tirailleur) pour les flanqueurs, 1 point de moral et 1 point de cac (corps-à-corps) pour les grenadiers, soit BUDget + 1,5 point = 6 en tout.
Par ailleurs la recherche ci-dessus m’a permis de retrouver ici ou là des arguments disant que ces troupes, comme d’ailleurs celles d’Orange-Nassau, ne sont pas composées des vétérans vantés par certains mais bel et bien de jeunes soldats, quand bien même ils aient fait bonne impression à Wellington et se soient bien comportés pour leur baptême du feu.
Partant la question se pose de savoir si les valeurs actuellement retenues, soit L5/2/1/2/2 qui sont littéralement celles de vétérans (FT1 en plus !), ne sont pas un rien surfaites.
Je rappelle les principes relatifs :
L5 = Ligne Vétéran (Infanterie de Ligne «normale» mais composée en majorité de soldats endurcis.
L4 = Ligne Conscrit (Infanterie de Ligne «normale», composée en majorité de nouvelles recrues.
Alors je sais bien que l’un ou l’autre, parlant des unités Hollando-Belges, Brunswickoises, de Nassau ou d’Orange-Nassau, m’ont souligné que ces soldats avaient peu ou prou un an d’existence (à ne pas confondre pour moi à de l’entraînement ou de l’expérience du «vrai combat» -à l’exclusion des sièges ou garnisons-), ce qui du coup les «sortait» de l’«état» de «conscrit» au sens premier, certes je l’admet, mais peut-être pas au sens ci-dessus, non ?
Actuellement ces troupes, jouissent de caractéristiques de base supérieures à celles des vétérans français forts de plus d’années de «guerre» qu’elle n’en ont de mois de «paix».
Cela me chiffonne un tantinet. Et vous ?
Diégo Mané
"Veritas Vincit"