1815. Armée (française) du Nord

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

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1815. Armée (française) du Nord

Messagepar MANÉ Diégo sur 06 Avr 2015, 11:55

Post ouvert pour y déposer le relatif à cette "Armée du Nord" qui combattit en Belgique sous Napoléon.

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Re: 1815. Armée (française) du Nord

Messagepar MANÉ Diégo sur 06 Avr 2015, 13:01

Échanges DMané x GFéraud sur Armée du Nord 1815
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Question GF
Je sais seulement que pour l'armée française, c'est plus exactement le règlement 1812, mais disons qu'au minimun, si il ne s'agit que de la conformité des plaques de shakos celà passe, il y a aussi les cas bien connus des casques du 1er chasseur à cheval (qu'ils ne porteront plus à l'époque de Rocquencourt) et des gendarmes d'élites, des voltigeurs ne possédant plus de briquet,non pas à cause du décret impérial du 7 octobre 1807 portait injonction de retirer aux voltigeurs le sabre "briquet",mais parce qu'il n'y en avait pas assez pour les grenadiers.
 
Réponse DM
S'il y a loin de la coupe aux lèvres il y a plus loin encore entre un règlement et son application. 
Par ailleurs je doute que les figurines de voltigeurs français du commerce soient privées de leurs sabres briquets. J'ai vu des représentations d'époque avec briquet, non réglementaire sans doute, mais cependant bien porté.

Ajout postérieur à l'échange : pour les casques que le 1er de Chasseurs à Cheval ne porterait plus à Rocquencourt je suis totalement sceptique. Il est en effet hautement improbable au vu des circonstances et de leur accélération brutale que quiconque se soit préoccupé de changer les coiffures du régiment entre Waterloo et Rocquencourt.

Il est toutefois possible que des cavaliers de renfort levés après le départ du régiment pour la campagne et l'ayant rejoint à Paris soient, eux, coiffés de shakos... mais il est à nouveau peu logique que ce soient ces "nouveaux venus" qui se soient trouvés en première ligne plutôt que les anciens.
Je penche donc davantage pour une "licence d'artiste(s)", délibérée peut-être, mais plus volontiers motivée par l'ignorance de ce "détail".

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Question GF
Il parait que les lanciers n'avaient plus de flammes aux lances... (dixit Lachouque).
 
Réponse DM
J'en doute encore, d'autant plus que là ce n'est ni cher ni difficile à réaliser... sans compter que ce serait dommage d'en priver vos figurines, ces flammes de lances étant pour beaucoup dans leur "allure".
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Question GF
... que le onzieme de cuirassiers manquait de cuirasses (personne n'en avait au régiment ?) Il n'existe pas de rapports d'époque...?
 
Réponse DM
J'ai effectivement lu cela, et la pénurie de cuirasses (les dépôts ayant été pillés par l'ennemi en 1814, qui s'est aussi servi sur les champs de bataille, notamment à Fère Champenoise) est bien plus crédible que celle des flammes de lances. Il est dit que le 11e régiment avait reçu fort peu de cuirasses (et donc il en avait quand même un peu) et était "réputé non cuirassé". Accessoirement cela fait une unité originale, une sorte de dragon d'élite en bleu !
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Question GF
La vieille garde était coiffée comment en fin de compte ?
 
Réponse DM
Les 1er et 2e régiments de grenadiers et de chasseurs en bonnets à poils assurément.
 
Les 3e et 4e régiments majoritairement en shakos (mais aussi tous types de coiffures), même si les cadres provenant des "vieux de la vieille" auront  à coup sûr gardé leurs bonnets, comme aussi certains "nouveaux" s'en seront procurés, donnant aux unités l'aspect hétéroclite* qui trompa les Uhlans prussiens qui chargèrent le 4e grenadiers à Ligny, le prenant pour un bataillon de Gardes Nationaux... avec à la clé une surprise mortelle lors du feu dévastateur qui les coucha à vingt mètres du but.
 
* Il n'y avait pas vingt hommes par compagnie qui soient habillés pareil (Mauduit).
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Question GF
Cet été là, trés chaud, les soldat se sont battus en capotes ou en bleu ?

Réponse DM
La bataille de Waterloo fut en principe livrée en capotes car il avait plu la nuit et les soldats étaient trempés. Mais je n'y étais pas (quoique) et de très nombreuses illustrations montrent aussi des fantassins en vestes... et des unités présentant un joyeux mélange des genres, capotes et vestes en même temps dans la même unité, alors...

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Question GF
Et ces histoires de grandes tenues portées au combat ?
 
C'est le cas à chaque fois que l'on en a le temps. Par exemple célèbre à La Moskowa 1812.
A Waterloo beaucoup de troupes n'étaient pas arrivée à l'heure prévue... et arrivèrent donc en tenue de route.
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Question GF
Connaissez vous d'autres particularités uniformologiques de 1815, y compris pour les armées des autres nations ?
 
Réponse DM
Il y en a forcément beaucoup et à mon humble avis il vaut mieux inverser la démarche. Choisir d'abord les unités à réaliser et ensuite s'enquérir des détails les concernant afin de les réaliser.
 
Une qui me vient à l'esprit car je viens de faire peindre l'unité ; le 1er hussard en 1815 portait les plumets blancs du ci-devant "régiment du roi".
 
Une autre, à vérifier ; je ne sais plus quel hussard prussien portait les pelisses du 2e hussards français, prises à son dépôt de Nancy en 1814... et un autre hussard prussien arborant fièrement les pelisses blanches du 5e hussards français, obtenues de la même manière (mais là peut-être est-ce stricto sensu en 1814)...
 
La série d'ouvrages "Waterloo 1815, les carnets de la campagne" donne foule de magnifiques illustrations de Courcelles sur les unités à la bataille. Alors certes lui non plus n'y était pas... mais il a étudié la question pour son travail qui semble sérieux. De très nombreux témoignages sont donnés, certains parlent sans doute des tenues portées, mais je ne les ai pas encore lus (va falloir que je m'y mette !).
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Re: 1815. Armée (française) du Nord

Messagepar MANÉ Diégo sur 08 Mai 2016, 12:48

Pour une recherche relative à l'uchronie 1815 travaillée par Nicolas-Denis Remy

viewtopic.php?f=4&t=1436&start=15

je viens de réouvrir le superbe ouvrage de Couderc de Saint-Chamans "Napoléon, ses dernières armées", et suis tombé page 228 sur un passage qui intéressera GF quant'à l'état misérable de l'habillement/armement des troupes.

GF s'était étonné que le 11e cuirassiers n'aie pas de cuirasses, et voici quelques éléments pour d'autres régiments.

"Des cuirassiers ne rejoignent pas, n'ayant pas de cuirasses ; "on peut se battre sans cuirasse, les cuirasses ne sont pas indispensables pour faire la guerre", dit l'Empereur, qui ordonne aux dépôts d'envoyer tout ce qu'ils ont de disponible à l'armée, sans se soucier des cuirasses." *

* Correspondance de Napoléon 21991, 21999.

Quelques données complémentaires tirées de l'annexe n° 14 sur la situation de l'habillement (et de l'armement) pages 485 et suivantes.

1er carabiniers, 431 hommes et 319 chevaux. Il y a 326 casques, 257 cuirasses dont 86 à réparer.

2e cuirassiers, 222 hommes et 224 chevaux. Il y a 250 casques, 225 cuirasses dont 71 à réparer.

7e cuirassiers, 422 hommes et 252 chevaux. Il y a 299 casques, 263 cuirasses dont 25 à réparer.

10e cuirassiers, 371 hommes et 214 chevaux. Il y a 299 casques, 314 cuirasses dont 38 à réparer.

Parmi les casques aussi une proportion de "à réparer" équivalente à celle des cuirasses. On peut constater que dans ce panel seul le 2e cuirassier à son content de cuirasses et de casques, mais c'est essentiellement dû à son sous-effectif, et l'arrivée de nouveaux hommes le mettra dans le même état que les autres, avec des hommes sans cuirasse et d'autre sans casque, luttant en bonnet de police.

Le nombre de chevaux disponibles, est à rapporter à celui que les unités parviendront à mettre en ligne dans l'urgence pour la campagne, et donc probablement de caractéristiques pas toujours réglementaires, et certainement dans des conditions d'entraînement tout-à-fait insuffisantes.

J'ai pensé qu'au-delà de l'intérêt intrinsèquement historique, ces informations pouvaient trouver leur usage pour la constitution d'armées de kriegspiel comme aussi pour la réalisation de figurines.

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Re: 1815. Armée (française) du Nord

Messagepar MANÉ Diégo sur 25 Juil 2016, 12:25

Je relaie les question d'un correspondant (GF).

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... je cherche à savoir quelle division d'infanterie française a attaquée et pris le village de Gosselies le 15 Juin 1815 , celle de Bachelu ?

Et qui commandait à Gosselies ? Ney ou Reille ?

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Re: 1815. Armée (française) du Nord

Messagepar THOMAS Didier sur 26 Juil 2016, 00:15

Bonsoir,

C’est Reille qui commandait et quand Ney arriva pour prendre le commandement, la brigade Clary (1er hussards) soutenue par Girard avait pris le village de Gosselies.

Le général Lefebvre-Desnoettes avec la cavalerie légère de la garde venant soutenir Clary ayant été devancé par Girard.
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THOMAS Didier
 
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Re: 1815. Armée (française) du Nord

Messagepar BEYER Olivier sur 26 Juil 2016, 10:58

Girard était détaché, il était à Ligny
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Re: 1815. Armée (française) du Nord

Messagepar MANÉ Diégo sur 31 Juil 2016, 15:41

GF qui entre-temps a fait quelques investigations m'a adressé un très (mais alors très très) long article de Michel Damiens sur la polémique formée autour des événements du 15 juin 1815.

Bien que très intéressant, comme d'habitude avec cet auteur, je ne pense pas "honnête" (légal ?) de le publier ici. Il révèle en tous les cas des très nombreuses divergences relatives des différents auteurs.

J'y retrouve pour ma part le même genre de distorsions de la vérité que nous avons pu constater dans le post intitulé "Waterloo, l'avant-dernière bataille de Napoléon".

viewtopic.php?f=1&t=1419

Trois jours avant ladite bataille le concert des auteurs s'attache déjà à "charger la mule" du maréchal Ney à peine arrivé. À se demander qui l'on aurait pu accabler de la sorte s'il n'était pas venu.

Retournons à l'origine de la préoccupation de GF, soit déterminer les troupes présentes à Gosselies, et qui pense que Didier se trompe, qui pourtant n'a rien inventé mais lu une des versions "officielles"... Qui ennuie GF qui veut voir engager la division Bachelu qu'il est entrain de réaliser, et non celle de Girard qu'il n'a pas... Ayant lu les deux je suis tenté de lui dire de choisir la version qui l'arrange !

Mais le voici revenir à la charge...

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Salut Diégo

Alors tu as reçu mon article de MD sur l'affaire de Gosselies ? D'aprés Lachouque, c'est Ney qui commande et qui attaque avec Bachelu. Les batteries de Desnoëttes et Piré prennent part aussi à l'affaire...

Je crois que MD ne parle pas de Jean Thiry , faudrait vérifier ce que ce dernier en dit...

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Alors de passage à Lyon j'ai exhumé de ma bibliothèque le Thiry, pas ouvert depuis quarante ans, et voici en substance sa prose relative :

Thiry (Jean), "WATERLOO", Paris, 1943, pp 38 et suivantes.

"L'Empereur, s'étant réveillé et ayant été informé que les Prussiens étaient nombreux à Gosselies, envoya au général Clary, qui n'était pas assez fort, le général Lefebvre-Desnoettes avec la cavalerie légère de la Garde et ses deux batteries."

La division Duhesme "détacha un régiment... À mi-chemin de Charleroi et Gosselies. Il devait servir de réserve à la cavalerie du général Lefebvre-Desnoettes."

"Le général Reille se renforçait sans cesse... Napoléon lui envoya l'ordre de se porter sur Gosselies...

Napoléon aperçut alors Ney qui accourait...

Napoléon... apprit que la brigade Clary, soutenue par le deuxième corps, s'était emparée de Gosselies où se trouvait le maréchal Ney... La division (prussienne) qui avait défendu Gosselies se retirait... Et le général Reille la faisait suivre par sa troisième division que commandait le général Gérard. Reille, avec sa cavalerie et ses trois autres divisions marcha sur les Quatre-Bras."

Bref, rien de bien nouveau, ce qui est logique quand on voit les notes de bas de page qui renvoient le plus souvent aux écrits de Napoléon et de Gourgaud. Ce dernier était l'ombre de son maître et n'avait garde d'en sortir. Tous ses écrits ont toujours tendu à confirmer la version "officielle" de Napoléon.

Ensuite les nombreuses confusions de grade, de nom, de commandement, sur un passage si court, sont de nature à mettre en doute le sérieux de l'ensemble.

Clary n'était pas général mais colonel, et ne commandait pas une brigade mais le seul 1er Hussards.
La confusion entre Gérard et Girard, bien que facile, est au moins malheureuse autant que déplacée.

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Re: 1815. Armée (française) du Nord

Messagepar MANÉ Diégo sur 02 Mar 2019, 10:49

Reçu par mail perso d'un certain Stephen Beckett, Américain ou Canadien puisqu'il chiffre ses produits en $, l'information d'un important et utile travail sur l'Armée du Nord en 1815.

Comme cela peut en intéresser beaucoup parmi les lecteurs de Planète Napoléon je vous copie son message ci-dessous :

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Hello, sorry I am not fluent in French.

I wanted to make you aware of my project: https://www.mapleflowerhouse.com/produc ... nord-1815/

The goal of this project is to gain access to the hundreds of important letters and registries from 1815 that remain in private collections.

Their importance in demonstrated by the research already done where the history of the concentration on the Sambre during the first weeks of June is completely rewritten by the discovery of hundreds of documents.

If you are interested, I could send you the 4 refrence volumes that have the transcriptions of over 2,000 letters from May and June of 1815.

Thanks,

Stephen Beckett
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Re: 1815. Armée (française) du Nord

Messagepar MANÉ Diégo sur 21 Mar 2019, 17:44

J'ai reçu hier les ouvrages évoqués dans le message précédent. C'est du lourd ! Au propre (6,5 kg) comme au figuré (contenu très, mais alors très, intéressant).

Je n'ai pas encore eu le temps de plonger dans le détail et vous en reparlerai probablement, mais dores et déjà je peux vous dire qu'au-delà du contenu, le contenant s'avère flatteur. L'illustration donnée dans le lien de Stephen Beckett, que je redonne ici, le laissait supposer.

https://www.mapleflowerhouse.com/produc ... nord-1815/

Mais les avoir en mains ravit un autre sens, celui du toucher, fort agréable ma foi (c'est satiné).
En outre l'image ne rend pas nécessairement justice à la taille réelle des ouvrage, qui confine au format A4. C'est imposant ! Bref, de bien beaux livres qui feront honneur à ma bibliothèque impériale.

Par ailleurs vous le savez, et sinon c'est l'occasion de l'apprendre, Waterloo sera cette année le thème du grand remake annuel du KRAC, les 30 novembre et 1er décembre 2019.

viewtopic.php?f=12&t=1873

Ce choix fut décidé lors de "Waterloo 2018 à Chamalières" où j'ai participé, dans le rôle de l'Empereur, sur le magnifique terrain de Jean-Marc Donnat, qui m'a donné envie d'y faire évoluer nos belles figurines de 25 mm !

viewtopic.php?f=4&t=1818

Ce sera, comme à chaque fois, et l'occurrence énoncée ci-dessus l'a une fois de plus démontré, l'occasion de recherches amenant des progrès sensibles de notre connaissance jamais rassasiée de cet événement majeur de l'Histoire de France, donc d'Europe et donc du Monde, que fut la bataille de Waterloo, sur laquelle j'ai, entre beaucoup d'autres circonstances, disserté ici :

viewtopic.php?f=1&t=1419

Ceux qui l'ont déjà lu y ont trouvé quelques "révélations" inattendues pour un sujet si souvent traité. Eh bien sachez que j'en ai découvert d'autres depuis, et que le magnifique ouvrage que je viens de recevoir en recèle manifestement d'autres encore puisqu'il nous permet d'accéder à de très nombreux documents restés plus ou moins inconnus du grand public, et même des plus "grands" auteurs.

A suivre donc avec grand intérêt !

Diégo Mané
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Re: 1815. Armée (française) du Nord

Messagepar MANÉ Diégo sur 17 Avr 2019, 16:46

«Operations of the Armée du Nord: 1815, Volume I The Registries»
(Exploitation par Diégo Mané, Saint-Laurent-de-Mûre, le 24/03/2019)

Ce volume comprend plusieurs registres, tous intéressants, comme énoncé dans la présentation sur Planète Napoléon.

D’intérêt plus particulier pour l’historien militaire, sont mentionnés plusieurs mouvements de troupes, et notamment des détachements de renforts en route, dont l’analyse peut amener à modifier à la hausse les «présents sous les armes» aux différents combats.

Par ailleurs sont évoqués plusieurs «roques» entre unités, également à vérifier en cas de doute. Un à particulièrement retenu mon attention car il a fait l’objet d’un message sur Planète Napoléon afin de clore une polémique relative récurrente, c’est le «roque» entre le 2e légère et le 3e de ligne.

Voici le lien avec la discussion (de 2011) évoquée ci-dessus :

viewtopic.php?f=1&t=841&p=4420&hilit=1815.+Affectations+2e+léger+3e+de+ligne#p442

Et voici l'élément nouveau qui confirme et complète la position que j’ai tenue, et apporte une information additionnelle que je commenterai après l’extrait cité.

Page I/282 : Soult à Reille, Paris le 8 juin 1815

«On le prévient que d’après son observation, Sa Majesté à approuvé que le 2e de légère quitte la 6e Division pour passer à la 5e ; que le 3e de ligne passerait en change à la 6e et qu’enfin le 11e de légère resterait à la 7e Division au lieu d’aller à la 5e.»

Donc, outre la confirmation du «bon» roque, nous apprenons qu’il intervint après une intention initiale de l’Empereur d’échanger le 11e légère de la 7e Division (Girard) avec le 3e de Ligne de la 5e Division (Bachelu), mais que sur une observation de Reille (commandant le IIe Corps), approuvée par Napoléon, ce fut donc le 2e de légère de la 6e Division (Jérôme) qui fut échangé avec le 3e de Ligne, laissant la 7e Division inchangée.

Rien ne permet d’expliquer le choix initial autrement que par la volonté de déplacer le 3e de ligne*, puisque ce régiment est le seul présent dans les deux choix successifs. En effet, l’hypothèse de l’égalisation partielle des effectifs ne tient pas car en l’occurrence première cela aurait encore aggravé la faiblesse relative de la 5e Division, que le deuxième choix a permis de remonter quelque peu, comme le montrent les chiffres ci-dessous au 10 juin :

Division/Effectif initial/Hypothèse/Choix final

5e Bachelu /4103/3915/5301

6e Jérôme /7819/7819/6621

7e Girard /4498/4686/4498

Les raisons politiques, éminemment possibles dans le cas du 2e légère, comme je l’ai avancé, sont peut-être la cause du déplacement du 3e de ligne. Quoi qu’il en soit, la lecture de très nombreuses pièces données dans l’ouvrage «Opérations de l’Armée du Nord ; 1815» permet de constater le «mauvais esprit» (royaliste) de certains officiers, ce qui peut se traduire par le renvoi ou la mutation de certains, et le déplacement d’unités.

-------------

Ajout du 17/04/2019

Postérieurement au commentaire ci-dessus, produit après la lecture du Volume I, celle des autres volumes apporta son lot d’éclaircissements.

Le 3e de ligne n’est nullement en cause, comme je l’avais d’abord cru.

L’intention première est bien de l’Empereur, pour une raison inattendue et que j’ai dans le passé considérée comme «pas logique», soit la volonté d’avoir dans chaque division un régiment d’infanterie légère. Pas logique car depuis la création effective des voltigeurs fin 1805 d’une part, la réforme de 1808 d’autre part, enfin les désastres de Russie et aussi d’Espagne, la «différence» d’utilisation entre ligne et légère avait totalement disparu.

Par ailleurs la plupart des divisions de quatre régiments ne comprenaient pas de régiment de légère, et toutes ne pouvaient en avoir (il y avait alors 90 régiments de ligne pour 15 de légère)... et en revanche certaines en avaient deux, comme la 6e DI donc, mais pas seulement elle... Alors pourquoi limiter ce «roque» à elle seule... Sauf à n’avoir saisi ce prétexte que pour masquer une autre raison, la vraie (?), parmi les autres évoquées.

Reille ajoute une information comme quoi bien que «brigadés» ensemble les 1er et 2e de légère avaient eu des «différends» susceptibles de nuire à leur bonne utilisation conjointe.
Mais il ne s’agit que d’une information donnée «après-coup», une fois la décision prise.

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Re: 1815. Armée (française) du Nord

Messagepar MANÉ Diégo sur 22 Avr 2019, 15:36

Je poursuis l'exploitation de l'ouvrage "Operations of the Armee du Nord: 1815".

Page I-274 : Soult à Neigre (cdt le Parc d’Artillerie), Paris le 6 juin 1815

«...Il doit faire en sorte à ce que les batteries qu’il doit fournir à la jeune garde soient mises en route pour leur destination. Il pourra disposer à cet effet de la batterie à cheval provenant de la 5e Division de réserve de cavalerie qui doit se rendre avec l’armée de la Moselle à Rocroy. ...»

Cela n’a l’air de rien comme çà, mais cela résoud une question mille fois posée et restée sans réponse; celle de la provenance de «la batterie à cheval auxiliaire de la ligne» attachée à la Garde impériale, que les auteurs anglais désignent on ne peut plus à tort comme «marine guard horse artillery», double hérésie puisque n’étant ni marine ni garde.

Il s’agirait donc de la batterie à cheval attachée à la 5e Division de la réserve de cavalerie, devenue surnuméraire par suite de la réorganisation du 4 juin 1815...

Eh bien non car vérifications faites un problème de dates subsiste puisque le Litré* (ou Littré, les deux orthographes cohabitent) dit formellement que la batterie à cheval auxiliaire de la ligne destinée à la Garde est partie de Paris le 7 juin et se trouvait positivement à Soissons le 10 juin avec toutes les autres batteries de la Garde, et figure en bonne place au 16 juin avec son effectif mentionné.

* E. Litré, "Les régiments d'artillerie à pied de la garde", Paris, 1895.

Or si je trouve dans les documents de l’ouvrage «Opérations of the Armée du Nord; 1815» plusieurs «entrées» concernant la batterie à cheval de la ci-devant 5e Division de réserve de cavalerie, la dernière occurrence, en date d’Avesnes, le 13 juin, Soult à Ruty, dit :

«Ordre d’envoyer de suite une ordonnance accélérée pour faire changer de direction à la batterie à cheval de l’ancienne 5e Division de cavalerie de l’armée de la Moselle. Cette batterie devra se rendre, par Rocroi, à Beaumont où elle recevra de nouveaux ordres.»

Ce qui ne laisse plus planer de doute; il ne peut s’agir de la même batterie, qui pourtant est aussi «destinée pour la Garde» comme le stipule une correspondance Soult-Ruty le 8 juin.

à suivre...
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Re: 1815. Armée (française) du Nord

Messagepar MELCHIOR Thierry sur 30 Avr 2019, 12:01

Bonjour,

Je me permets de poster ce LIEN vers une discussion sur le forum napoléonien de TMP car, Stephen Beckett, le passionné qui a réuni ces documents, y explique le pourquoi et le comment de sa démarche, c'est très intéressant. 8)
« Ce ne sont pas les événements qui troublent le cœur des hommes, mais les jugements qu'ils portent sur les événements. »
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Re: 1815. Armée (française) du Nord

Messagepar MANÉ Diégo sur 02 Mai 2019, 10:20

Merci Thierry,

Ayant échangé directement avec Stephen Beckett j'ai eu connaissance de tout ce que contient le lien dont tu nous gratifies, mais s'agissant de messages personnels je n'avais pas osé les mel publiquement.

L'échange communiqué étant public ma prévention tombe et cela permet au lectorat attentif de Planète Napoléon de mieux connaître ce véritable mécène de la mémoire de l'Épopée napoléonienne.

Bicornes bas, Messieurs, Stephen Beckett le mérite !

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Re: 1815. Armée (française) du Nord

Messagepar MANÉ Diégo sur 02 Mai 2019, 13:26

Je continue l'exploitation de l'ouvrage de Stephen Beckett :
"The Operations of the Armee du Nord: 1815".

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Après Waterloo, au cours de la retraite, Soult à Ruty, Laon, le 22 juin :

«deux batteries à cheval qui se trouvent à Laon doivent être attachées à la garde Impériale de M. le Lieutenant Général Comte Morand qui la commande.»

Comme aucune batterie de l’Armée du Nord n’a pu être sauvée il est évident que ces deux-là sont d’autres, dont peut-être l’Arlésienne de l’ex 5e Division de cavalerie...

-------------

Grattant pour identifier ces batteries je suis parti du document N° 32 du Couderc de St Chamant (1), daté du 5 juin, puisque à la base l’artillerie à cheval de la ligne est uniquement dotée aux divisions de cavalerie que voici listées.
Le document comporte des inconnues que j’ai tenté de compléter en italique

1° DC Jacquinot I° CA 1° RAC 2° Cie
2° DC Piré II° CA 4° RAC 2° Cie
3° DC Domon III° CA 2° RAC 4° Cie
4° DC Soult 1° CC 1° RAC 1° Cie
5° DC Subervie 1° CC 1° RAC 3° Cie
6° DC Maurin IV° CA 3° RAC 3° Cie, donné par Bowden (2)
7° DC Merlin V° CA 3° RAC 2° Cie, par différence pour la Cie
8° DC Castex VIII° CA 3° RAC 1° Cie, donné par Blaison (3), ira au V° CA
9° DC Strolz 2° CC 1° RAC 4° Cie
10° DC Chastel 2° CC 4° RAC 4° Cie
11° DC Lhéritier 3° CC 2° RAC 3° Cie
12° DC Roussel 3° CC 2° RAC 2° Cie
13° DC Wathier 4° CC 1° RAC 5° Cie
14° DC Delort 4° CC 3° RAC 4° Cie
15° DC Digeon VII° CA 4° RAC 4° Cie, donné par Zins (4), sans attelage

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Cies citées par RAC

1° RAC de Douai Cies n° 1 - 2 - 3 - 4 - 5

2° RAC de Metz Cies n° 2 - 3 - 4

3° RAC de Strasbourg Cies n° 1 - 2 - 3 - 4

4° RAC de Valence Cies n° 2 4 Mais la 4° est citée deux fois !

Il est probable que la batterie à cheval de la ci-devant 5e Division de cavalerie de réserve était celle de la 1° Cie du 2° RAC. Elle serait donc l’une des deux «rescapées» de Laon.

Edit DM du 30/07/2019 : la probabilité ci-dessus se mue en certitude. Ayant trouvé un OB de l'Armée de la Moselle (i.e. aussi le IVe corps) ou figure encore la 5e Division de cavalerie de réserve, sa batterie divisionnaire est bien stipulée du 2° RAC. Il ne peut dès lors s'agir que de la 1° dudit régiment, les autres étant dûment affectées ailleurs. La compagnie du train affectée est stipulée comme issue du 2e Bataillon du Train.

Il est possible que la deuxième batterie à cheval trouvée à Laon soit la 3° Cie du 4° RAC. Je penche en effet pour une erreur de lecture manuelle entre la 1° du 4e RAC et la 4° du même 4° RAC, qui expliquerait le fait qu’elle soit citée deux fois. Je donne la préférence à celle du document signé Ruty par rapport à sa mention donnée par Ronald Zins (4), sans préjuger, jusqu'à avoir vu l'original, de qui à "raison".

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Sources citées :

1) Couderc de Saint-Chamant, Henri, "Napoléon, ses dernières armées", Paris...

2) Bowden, Scott, "Armies at Waterloo", Arlington, TX USA, 1983.

3) Blaison, Capitaine, "La couverture d'une place forte en 1815 : Belfort et le corps du Jura", Paris, 1911.

4) Zins, Ronald, "1815, L'armée des Alpes et les Cent-Jours à Lyon", Reyrieux, 2003.

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A suivre...

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Re: 1815. Armée (française) du Nord

Messagepar MANÉ Diégo sur 04 Mai 2019, 15:13

Le Volume IV des «Opérations of the Armée du Nord: 1815» donne, entre autres «pépites», page IV-124 le «Rapport sur la Situation De l’artillerie de l’armée à l’époque du 13 juin 1815», signé d’Avesnes par Ruty, le Commandant en chef de l’artillerie de l’armée.

Il indique un total de 51 batteries, dont 22 à pied, 18 à cheval et 11 de réserve, alignant en tout 370 pièces dont 116 attachées à la Garde et 254 à l’armée.

Ce qui présente quelques différences de détail avec mes propres chiffres, étayés par d’autres sources, puisque j’ai :

50 batteries, dont 24 à pied, 17 à cheval et 9 de réserve, alignant en tout 366 pièces dont 118 attachées à la Garde et 248 à l’armée.

Il y a selon moi chez Ruty confusion/inversion probable, pour ne pas dire certaine, entre deux batteries à pied et deux batteries de réserve, ne changeant pas le chiffre global.
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Edit DM le 30/07/2019 : Je me répands en plates excuses devant les mânes du général Ruty. Être issu de l'artillerie est un gage de précision, j'aurai dû m'en souvenir. Il a fallu un autre élément de recoupement qui, mentionnant que deux des batteries auxiliaires de la Ligne attachées à la Garde étaient du calibre 12, pour m'en convaincre. D'autres "tournures de phrases" du Littré, distinguant finement les batteries attachées à la Jeune Garde de celles de la Réserve vont dans le même sens.
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Ensuite Ruty annonce le 13 juin 116 pièces attachées à la Garde alors que j’en ai 118 le 16 juin, parfaitement attestées par Littré. Explication possible, le manque de chevaux au départ de Paris, constaté tout au long de la période et ayant retardé bien des envois d’unités, peut avoir conduit une section d’artillerie auxiliaire à rejoindre après le 13 juin et avant le 16 juin. C’est peut-être conforté par le fait que l’effectif total de l’artillerie à pied auxiliaire, dans le principe réparti entre les quatre premières de ces batteries, sert ensuite les cinq sans que j’en aie trouvé la répartition individuelle, postérieure à l’OB d’archives.

Enfin il me manque six pièces d’artillerie à cheval, batterie que Ruty donne présente le 13 juin... et c’est probablement mon «Arlésienne»*, qui doit être «en transit» quelque part et donc non encore affectée bien qu’à priori «destinée à la Garde». Quoi qu’il en soit je n’en trouve pas la mention dans l’utilisation détaillée que j’ai pu établir pour chacune des 118 pièces rattachées à la Garde à Waterloo, et je la suppose donc pas encore arrivée, ce qui la sauva. C’est certainement l’une des deux batteries à cheval rescapées de la campagne.

* Probablement la 1° Cie du 2e RAC, ci-devant artillerie de l’ex-5e Division de cavalerie de réserve du IVe corps, qui fut dissoute, rendant la batterie disponible. Je passe sur divers ordres et contre-ordres pour ne rappeler que le dernier, mentionné plus haut, de Soult à Ruty, Avesnes le 13 juin, déroutant la batterie pour qu’elle se rende à Beaumont...
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Edit DM, le 30/07/2019 : je reproduis le même message que plus haut car il répond aussi ici :
La probabilité ci-dessus se mue en certitude. Ayant trouvé un OB de l'Armée de la Moselle (i.e. aussi le IVe corps) ou figure encore la 5e Division de cavalerie de réserve, sa batterie divisionnaire est bien stipulée du 2° RAC. Il ne peut dès lors s'agir que de la 1° dudit régiment, les autres étant dûment affectées ailleurs. La compagnie du train affectée est stipulée comme issue du 2e Bataillon du Train.
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