17e bataillon des equipages militaires en 1812

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17e bataillon des equipages militaires en 1812

Messagepar AUTHELET Geneviève sur 04 Déc 2014, 06:27

Bonjour à tous
Je lance une nouvelle bouteille à la mer vers tous ceux qui pourraient m'aider à reconstituer le trajet du soldat Jean Joseph Nonnon en 1812.
Il est incorporé à Metz au 10e bataillon des équipages militaires ( matr 1383) le 8/3/1812 puis il passe au 17e bt le 28/3/1812 (matr 1383); il traverse le Rhin à Mayence le 31/5/1812. Ensuite disparition complète...Il est assez difficile de trouver des informations précises sur le 17e. Quel corps suit-il? Va-t-il à Moscou? Passe-t-il la Bérézina? Pouvez-vous encore m'aider?
Quelle différence existe-t-il entre le train d'artillerie, le train et les bataillons d'équipages militaires? Mes idées sont un peu confuses, je lis tout et son contraire.
Amicalement. Geneviève
AUTHELET Geneviève
 

Re: 17e bataillon des equipages militaires en 1812

Messagepar REMY Nicolas-Denis sur 05 Déc 2014, 20:54

D'après l'ouvrage "Napoléon Bonaparte - Correspondance générale" tome 12 sur l'année 1812, page 1359 le 10e btl et le 17e btl des équipages sont affectés directement au Grand Quartier Général, ils suivent directement l'Empereur pendant toute la campagne.


Le train des équipages militaires est créé en 1807 pour pallier les déficiences des unités de civils alors que l'armée est très loin de ses bases, en Pologne et en Prusse orientale.
Son but est de permettre le ravitaillement des unités militaires, en aucun cas de participer à une quelconque bataille, même si tous les membres sont des militaires.

Le problème de la campagne de 1812 est la perte en chevaux, qui est considérable, dès le début des opérations en raison du mauvais ravitaillement de l'armée.
Si ces troupes arrivent à Moscou, il est fort peu probable qu'elles arrivent organisées au Niémen en décembre 1812 - janvier 1813.
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Re: 17e bataillon des equipages militaires en 1812

Messagepar AUTHELET Geneviève sur 06 Déc 2014, 06:17

Je vous remercie pour votre recherche. Fin mars 1812 le 17e apparaît comme le dédoublement du 10e et il est constitué avec un grand nombre de conscrits incorporés en premier lieu au 10e. Les conditions de route ne sont pas faciles vu le mauvais état des chemins et la difficulté de nourrir les animaux ainsi que les maladies qui accablent ceux-ci. Dans une correspondance du 3/2/1811, Napoléon recommande de recruter pour les équipages des hommes accoutumés à conduire des voitures. Un bataillon du train des équipages se compose d'hommes capables de soigner les chevaux, de conduire des voitures, de selliers et de maréchaux (arrêté du 24/3/1811).
Voici d'autres informations glanées au ( je ne trouve plus la référence) au cours de mes lectures:

"Les bataillons 14, 15, 16 et 17 sont créés par l’Empereur le 24 janvier 1812.

Ces quatre bataillons ont la caractéristique d’avoir pour véhicules des voitures dites "comtoises" et n’ont besoin que d’un seul cheval pour se déplacer.

Les 20e, 21e, 22e et 23e bataillons sont aussi créés par décret impérial le 24 janvier 1812 en vue de compléter les moyens des équipages militaires. Ils ont pour spécificité d’être attelés par des boeufs. Cette nouveauté est perçue comme une bonne idée. Car ce travail de trait effectué par des bœufs , permettait de soustraire des chevaux et de les placer à d’autres travaux.

Le 18e bataillon est unique car il a pour seule mission le transport des blessés.

Hormis ce 18e bataillon, les autres bataillons ont pour objectif d’apporter vêtements, matériels et vivres aux Corps auxquels ils sont destinés."

Où le soldat Nonnon -t-il disparu ? Où le 17e bataillon a-t-il été anéanti? Il est probablement impossible de le déterminer. La lecture des Mémoires du baron Dufour, ordonnateur le la Garde impériale,1812, m'a livré ceci :

"Le 6 (novembre 1812), au matin, le 4ème corps fut détaché sur Douhovchina, dans la direction de Vitebsk. Napoléon avait prescrit à Victor de rejeter Wittgenstein derrière la Dvina; sans doute envoyait-il le prince Eugène à la rescousse, pour faciliter cette mission et sécuriser les magasins de Vitebsk. Le 4ème corps, à la traversée du Dniepr et après, rencontra une foule de difficultés qui retardèrent sa marche; l'insuffisance des chevaux et le nombre encore élevé de bouches à feu qu'il emmenait encore à sa suite, le contraignirent à des haltes pour faire gravir aux canons, un par un, les pentes en organisant des norias de chevaux; ce travail harassant s'exécutait sous les insultes incessantes des Cosaques de Platov; ce dernier s'était séparé de Miloradovitch, lequel continuait à suivre Ney. Le vice-roi détacha des sapeurs en avant pour préparer le passage du Vop; mais l'établissement d'un pont, sur cette rivière en crue, dont les deux berges étaient infestées d'ennemis, s'avéra impraticable ou l'ouvrage manqua de solidité; la Garde royale italienne fut invitée à donner l'exemple; elle traversa à gué, avec de l'eau glacée jusqu'à la ceinture, en écartant les glaçons à la pointe du sabre; le reste des troupes suivit mais l'état des berges rendit bientôt vain tout espoir de sauver l'intégralité de l'artillerie et des bagages. Tout ce qui refusa de se mettre à l'eau devint la proie des Cosaques. Le temps pris pour le passage de la rivière avait permis aux Russes de fermer le chemin de Douhovchina; mais Eugène forma la Garde royale en carré, l'appuya de ce qui lui restait d'artillerie et, au pas de charge, il enfonça l'ennemi qui se dispersa, poursuivi par quelques tirailleurs. Douhovchina offrit de précieuses ressources aux rescapés du 4ème corps, qui ne comptait alors pas plus de six à sept mille hommes sous les armes, pourvus de 12 à 15 canons, sur la centaine qu'il possédait avant le passage du Vop; des soldats épuisés étaient morts de froid sur la berge salvatrice, juste après être sortis de l'eau! "

Cette traversée du Vop donne un avant-goût de la Bérézina et cause la perte de nombreux équipages. Mon militaire y était-il? peut-être!

Amicalement. Geneviève
AUTHELET Geneviève
 

Re: 17e bataillon des equipages militaires en 1812

Messagepar MANÉ Diégo sur 06 Déc 2014, 23:06

Quelques éléments qui, peut-être, apporteront de l'eau au moulin de Geneviève.

Parmi les 13 bataillons du Train de Equipages affectés au Grand Quartier Général on trouve effectivement ceux qui concernent plus particulièrement le soldat Nonnon.

Au début de la campagne (source Fabry) le 10e bataillon aligne six compagnies ; en tout 15 officiers, 772 soldats et 1331 chevaux... mais Nonnon n'y est plus.

A la même date le 17e bataillon, également six compagnies, est fort de 9 officiers, 630 soldats et 703 chevaux. Il est donc sensiblement plus faible que le 10e, ce qui s'explique probablement par le fait qu'il fait partie des sept bataillons stipulés "en organisation à Varsovie", où donc doit avoir séjourné Nonnon.

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Sur les voitures "à la comtoise", leur inadaptation au terrain sablonneux à traverser est rapidement patente. Beaucoup n'atteindront pas même le Niemen (à l'aller !).

J'ai trouvé dans la correspondance de Napoléon (n° 18917) du 7 juillet 1812 "l'ordre que toutes les voitures du nouveau modèle des 10e, 9e et 2e bataillons d'équipages militaires soient remisées à l'arsenal (de Vilna), et qu'en place on se serve de toutes les voitures du pays qu'on pourra atteler".

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Sur l'utilisation des boeufs en place de chevaux, la "bonne idée" se doublait d'une autre, dont un court extrait d'un de mes articles vous dit quoi en penser :

"Il avait été prévu que les provisions des chariots seraient consommées au fur et à mesure de l'avance puis, une fois les chariots vides, on en aurait fait du bois pour cuire les animaux de trait... Belle théorie, mais les animaux moururent les premiers... et le contenu des wagons fût pillé ou perdu."

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Pour revenir à nos bataillons du Train des Equipages, la correspondance de Napoléon en cite un très grand nombre, dont le 16e*... mais pas le 17e qui, suivant sur la liste, devait le suivre de peu.

* Une compagnie du 16e, venant de Varsovie, à passé le 20 juin à Thorn. Osterode voit passer "le train d'équipages du 16e bataillon" le 19 juin, sa 3e compagnie le 23 juin et sa 4e compagnie le 24 juin...

Une correspondance de Moscou s'attache à rappeler aux commandants de places qu'il faut fortement escorter ces convois car plusieurs ont été enlevés par les Cosaques entre Smolensk et Moscou...

Sinon globalement les bataillons du Train des Equipages suivront le GQG et donc iront à Moscou. La forte pénurie de chevaux conduira à l'abandon de beaucoup de voitures, d'autant que dans le principe, péché d'orgueil, on affectera les animaux disponibles en priorité aux canons (parfois sans leurs caissons de munitions), qui auraient constitué des "trophées" pour l'ennemi... qui les aura plus tard.

Il reste encore cependant un "Train des Equipages" au retour à Smolensk, puisqu'un ordre, le même qu'à l'artillerie, lui fixe une zone de rassemblement... mais on n'en parle guère par la suite, où l'on sait qu'à la notable exception de la cavalerie de la Garde et de "l'Escadron Sacré", il n'y avait plus de chevaux relevant des troupes revenant de Moscou... et donc si des survivants du Train des Equipages passèrent la Bérézina, ce fut à pied, sans chevaux et bien sûr sans les voitures qu'ils avaient traînées !

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Re: 17e bataillon des equipages militaires en 1812

Messagepar AUTHELET Geneviève sur 07 Déc 2014, 07:15

Merci pour votre aide. En tout cas, les équipages militaires ont payé un lourd tribut à la campagne de Russie. J'ai consulté le registre des équipages de la Garde, numérisé par le SHD: je ne crois pas exagérer en affirmant que95%sont mentionnés comme "restés en arrière en Russie et rayés définitivement le 31/12/1812". Le lieu exact de leur disparition est rarement précisé. Dieu seul sait où et comment mon beau militaire a pu disparaître...Au moins, grâce à vous, j'en sais un peu plus sur ce qu'il a pu vivre. L'aventure de ces hommes , probablement illettrés, partis de leur village pour mourir à des milliers de kilomètres de chez eux me fascine. Le frère de Nonnon a par ailleurs été prisonnier à Cabrera de 1809 à 1814. C'est fabuleux.
Geneviève
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