1813, Saxe. La bataille de Lützen

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1813, Saxe. La bataille de Lützen

Messagepar MANÉ Diégo sur 02 Mai 2013, 21:35

Bataille de Lützen, le 2 mai 1813
(par Diégo Mané, le 2 mai 2013)

Voici juste deux siècles se livrait à Lützen la première bataille de la campagne du printemps 1813, dont Napoléon espérait qu’elle le reporterait sur le Niemen...

Cela ne fût pas le cas, comme vous le savez, en partie parce-que le terrain perdu par ses lieutenants, Murat puis Eugène, depuis son départ de l’armée, avait bien obéré la suite des opérations.

Ensuite parce-que la nouvelle Grande Armée ne valait pas celle perdue en Russie, notamment à cause de l’extrême jeunesse et inexpérience de ses cadres, mais aussi de sa bien trop grande faiblesse en cavalerie.

Enfin parce-que, pour la première fois depuis les débuts de la Révolution, certains généraux des Alliés seront supérieurs à ceux des Français, l’Empereur excepté bien sûr, et heureusement, car cela suffira cette fois encore.

La composition des armées explique donc en grande partie les résultats qui seront obtenus lors des différentes confrontations, dont Lützen est la première d’importance majeure.

J’ai donc beaucoup travaillé sur les Ordres de Bataille relatifs, à divers moments et dans divers buts, produisant plusieurs niveaux de précision différents, qui peuvent intéresser en rapport le lectorat attentif de Planète Napoléon. Je vous en parle davantage dans la rubrique dédiée, ici :

viewtopic.php?f=1&t=851&p=6685#p6685

Je mettrai aussi bientôt en ligne un article sur «La Grande Armée de 1813», qui complétera les données contenues dans les Ordres de bataille.

Mais revenons sommairement à la bataille proprement dite puisque c’est son anniversaire !

Précisons que le moral est bon (ces pauvres jeunes gens ne savent pas ce qui va leur arriver) et rappelons que les troupes sont fraîches... très «fraîches» même, avec une moyenne d’âge de vingt ans. Ajoutons que le millésime 1793 n’était pas un bon cru, les hommes les plus vaillants étant aux armées cette année-là. Au résultat naquit une génération chétive...

Mais courageuse, dont le baptême du feu à Weissenfels se passe à merveille, les Russes ayant stupidement offert, en les chargeant inutilement avec leurs Cosaques, un succès facile aux jeunes fantassins français qui s'imagineront avoir remporté une grande victoire.

Wittgenstein commande les Alliés depuis moins d’une semaine, en remplacement de Koutousov qui vient de mourir. Contrairement à son ancien qui serait sûrement parti, le nouveau décide d’attaquer alors qu’il se sait en très nette infériorité numérique... mais compte sur sa cavalerie.

C’est d’ailleurs pour cela qu’il fixe comme objectif à son infanterie de faire sauter les verrous de Kaja et Starsiedel qui ouvriront l’accès à la plaine de Lützen que sa cavalerie inondera, livrant l’infanterie française à merci !

Il ne pense d’ailleurs pas rencontrer d’opposition sérieuse puisque «Bonaparte», dépourvu de cavalerie, doit marcher bien plus au sud dans un secteur défavorable à cette arme, où le détachement de Milloradovich sera à même de le retarder pendant qu’on le tournera...

Mais Napoléon marche au contraire par la plaine, où il sait qu’on ne l’attend pas, afin de gagner Leipzig dont il compte déboucher le lendemain pour imposer aux Alliés une bataille à front renversé qui les mettra à terre pour le compte.

Ce sont d’ailleurs les faux renseignements donnés par ses lieutenants, Neÿ en tête, qui confortent l’Empereur dans l’exécution de son plan, et qui éloignent du secteur les forces qui auraient immanquablement amené la destruction des audacieux agresseurs alliés.

L’attaque de Wittgenstein, même basée, elle aussi, sur un faux postulat, est encore ce qui pouvait arriver de mieux pour les Alliés. Elle eut même de sérieuses chances d’infliger aux Français un revers significatif qu’ils n’auraient pu éviter si l’exécution des plans prévus avait été conforme à la plus élémentaire logique militaire.

Je passe les détails, car ils sont trop nombreux, qui font «capoter» la manoeuvre et la transforment en épreuve de force entre l’infanterie de Blücher et celle de Neÿ que l’on ne pensait pas trouver là. Elle était de fait dispersée, contrairement aux ordres reçus par le maréchal, par ailleurs absent au début très tardif du combat.

Avec six heures de retard sur leur planning, qui les sauvent car le gros des Français s’est éloigné entre-temps, l’inutile préparation d’artillerie qui précède leur attaque ne sert qu’à donner le temps aux fantassins de Neÿ de se ressaisir au lieu d’être balayés par surprise, mais surtout donne l’éveil à Napoléon qui renvoie aussitôt le maréchal à son corps et rameute son monde.

La confrontation entre Blücher et Neÿ, qui n’ont jamais brillé par leur finesse, dégénéra en bataille d’attrition, que les Alliés, très supérieurs en nombre au début, eurent le bon goût d’alimenter au compte-gouttes, donnant le temps à Napoléon d’arriver en personne et de conduire sa bataille, toute axée sur l’intervention des forces appelées sur les deux flancs ennemis.

Après avoir manqué l’occasion, longtemps bien réelle, d’emporter Starsiedel, ce qui aurait permis le débouché de cavalerie souhaité dans la plaine, et coupé les forces françaises en deux, les Alliés vont s’obstiner jusqu’au soir à emporter Kaja alors que l’arrivée de la Garde Impériale, en réserve derrière le village, rendait la chose tout-à-fait illusoire, mais peut-être ne le savaient-ils pas.

Ils sont en revanche parfaitement informés par leurs nombreux Cosaques de la progression des forces françaises sur leurs deux ailes... dont on peut résumer l’intervention par «trop peu, trop tard». Bertrand n’amènera qu’une de ses deux divisions d’infanterie dans leur flanc gauche, dont les 10.000 cavaliers avaient certes de quoi le calmer et avaient déjà «figé» Marmont en face d'eux.

Sur leur flanc droit, l’«Armée de l’Elbe» d’Eugène n’amènera que tardivement, il est vrai sous Macdonald, et ceci explique sans doute cela, que les fantassins de son XIe CA, suivis plutôt que soutenus par la pauvre cavalerie du 1er Corps de l’arme, que l’on ne pouvait pas encore risquer.

Au résultat, les Alliés parviennent à décrocher et leur cavalerie permettra ensuite une retraite paisible que l’infanterie française ne parviendra pas à inquiéter. La victoire décisive que Napoléon espérait n’a pas eu lieu, il doit désormais aller la chercher de l’autre côté de l’Elbe.

Le chiffre des pertes fait immédiatement songer à une «victoire à la Pyrrhus» car si les Alliés n’ont perdu «que» 12.000 hommes, les Français dénombrent 22.000 pertes... ce qui au demeurant ne modifie pas le rapport de forces des armées en présence, mais tout reste à faire...

Sauf sur un point que la «propagande» impériale, justifiée en l’occurrence, ne manquera pas de souligner. L’Empereur est toujours le «Maître des batailles» et sa nouvelle Grande Armée à montré qu’elle peut à nouveau ramener la victoire sous ses aigles et subjuguer l’Europe une fois de plus.

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Re: 1813, Saxe. La bataille de Lützen

Messagepar MANÉ Diégo sur 13 Juin 2013, 16:02

Je viens de mel un article intitulé "Lützen & Bautzen, victoires sans fruits", qui permet de mieux comprendre Lützen grâce aux cartes qu'il contient, mais aussi de la situer dans le contexte de la campagne.

C'est ici :

http://www.planete-napoleon.com/docs/18 ... autzen.pdf

Bonne lecture !

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Re: 1813, Saxe. La bataille de Lützen

Messagepar MANÉ Diégo sur 16 Juil 2013, 17:23

Un nouvel article sur "La Grande Armée" en mai 1813 apporte de nombreux éléments susceptibles d'éclairer davantage le pourquoi du comment de la prestation des troupes françaises à la bataille.

C'est ici :

http://www.planete-napoleon.com/docs/18 ... eArmee.pdf

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