Les mémoires du général Thiébault : à lire

[BOUTTET Denis]

Un grand bonjour à tous,

Les mémoires de ce général sont disponibles sur Gallica et méritent si ce n'est le détour mais votre attention. Au delà des événements de sa vie militaire, c'est le récit d'un général parmi les siens. C'est sans concession :

- Soult et son manque de courage physique. Selon ses dires, il aurait été absent de l'attaque du Pratzen et n'aurait fait que réclamer un mérite qui n'était pas le sien.

- Davout et son détachement des hommes. Thiébault a tout fait pour ne pas être nommé au 3ème corps tant la réputation de ce maréchal est terrible auprès des généraux.

J'oublie Berthier et sa rancune tenace (trop facile), Leclerc et son incompétence, Dorsenne et sa cruauté ...

Au delà des critiques, il montre bien de l'intérieur la vie de ces généraux qui ont fait la gloire de l'Empire.

[MANÉ Diégo]

"C'est un peu court, jeune homme !" que de présenter les mémoires du général Thiébault en quelques lignes, car elles en méritent assurément bien plus... mais je n'ai pas le temps moi-même...

Aussi je me contente d'abonder sur le principe énoncé, à savoir que ces mémoires méritent absolument d'être lues, d'un bout à l'autre des cinq tomes, comme également les autres écrits du général qui sont tous très intéressants à tous égards.

Alors si en plus Gallica nous les offre, autant ne pas s'en priver !

Diégo Mané

[BOUTTET Denis]

Ces mémoires sont très agréables à lire, d'autant qu'on a à faire à une vraie personnalité qui a également un certain souci du détail.
Ecrites postérieurement aux faits (1836), il convient d'être circonspect quant à certains points de vue, notamment sur la compétence de ses supérieurs. Hormis Junot qui n'est pas critiqué (normal, il lui doit beaucoup), seul Masséna obtient des excuses.

Ainsi, son avis sur Davout est stupéfiant quand on sait combien est estimée aujourd'hui son action :
"Mais telle était la manière de cet homme, esprit inquiet, soupçonneux, fatigant, dur, d'ailleurs complètement terre à terre, s'occupant de chaque grain de sable, ne voyant guère au delà, prenant de la mémoire et de la ténacité pour de la capacité, n'employant cette mémoire qu'à des minuties, usant les hommes à force de détails, faisant le métier de général de division et de brigade, de colonel et de capitaine, et, par parenthèse, bien mieux que celui de général en chef; au reste, ne croyant jamais être assez sûr ni des autres ni de lui-même. " (chapitre 2, tome 5).

J'ai particulièrement apprécié le récit autour de la défense puis de la chute de Ciudad Rodrigo (chapitre XIV, tome 4) ; la rivalité Marmont Dorsenne permet à Wellington en infériorité d'empocher un gain qui lui ouvre la voie vers la victoire.
Je pense que l'étude de la chute de Badajoz m'apprendra également beaucoup de choses sur la situation de l'armée française.