1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

Modérateur: MANÉ John-Alexandre

Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar BEYER Olivier sur 03 Déc 2010, 10:46

Diégo,

Avec tous ces échanges de mail, ce sera dur de conserver le secret :wink:
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Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar MASSON Bruno sur 03 Déc 2010, 18:01

si, il suffit de ne pas dire au Français que c'est la Coa :wink:

ou tu remplaces la Coa par une falaise, un défilé montagneux, un précipice, un bras de mer, un marais, une fosse remplie de feu/magma/serpents/crocodiles/inspecteurs des Impôts/Tektonikeux/n'importe quoi d'impassable, et c'est pareil

(attention il est interdit de vider ses caissons d'artillerie sur les Tektonikeux, ou de rester sur le bord à se moquer d'eux) :mrgreen:
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Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar MANÉ Diégo sur 03 Déc 2010, 18:43

Bruno a parfaitement raison. Il est nécessaire et suffisant que le Français ignore la topographie locale, et le meilleur moyen de mystifier un joueur, surtout s'il se pique d'histoire, c'est de changer quelque peu le contexte du scénario. Ce dernier peut d'ailleurs s'adapter à d'autres armées ou époques.

Quant ' à donc "garder secrets" nos échanges "culturels", ce serait en priver le lectorat attentif, celui qui, justement, est capable de mettre en oeuvre ce type de scénario, et par ailleurs c'est aussi se priver de rentabiliser notre travail de recherches en lui donnant une vertu supplémentaire, "nourrir" notre forum. Or j'ai des quantités (presque) industrielles d'échanges de ce genre qui ne demandent que le temps de les mettre en ligne, et la méthode "feuilleton" leur redonne une vie qu'ils méritent.

Reprise donc du feuilleton en cours :

BM to DM le 20/09/10

Pour le scénario, je pense qu'il faut de toutes façon un arbitre, car il est bien difficile au Français sinon d'empêcher le Britannique de passer la rivière très vite, pendant que l'attaquant se débat avec les murets et les points de blocage.

Pour l'Open Order, je pense qu'il faut chercher hors de péninsule, car comme la réunion des compagnies d'élite c'est plutôt une "réminiscence du temps ancien", en limite avec l'insubordination larvée de la part du général en chef, pas du tout du genre de Vilainton (mais ses subordonnés, si pas supervisés directement comme Craufurd à la Coa, peuvent l'avoir utilisé). Donc je regarderai en Amérique du sud, en Inde, en Egypte, etc...

Mais c'est difficile à trouver, c'est un comportement non régulier, donc les généraux ont peu tendance à le marquer sur leurs comptes-rendus!
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Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar BEYER Olivier sur 03 Déc 2010, 21:18

Et si le joueur demande pour la bataille c'est coa ça ? on lui dit coa? :roll:
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Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar MASSON Bruno sur 04 Déc 2010, 07:31

oui, tu peux renommer la Coa en "rivière aux crapauds", "Toad's Creek", "Froggy Brook", "Kröterbach, FröscherFluss" tout ça :mrgreen:
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Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar MANÉ Diégo sur 04 Déc 2010, 20:33

Que d'imagination !

DM to BM le 19/09/10

J'ai tenté de retrouver des éléments sur l'Open Order dans l'Oman que je t'ai communiqué récemment.

Je n'ai trouvé, page 177 que l'info suivante qui ne va pas vraiment dans le sens de la reconnaissance de la chose puisqu'elle impute l'erreur visuelle des Français à une autre cause, la densité de l'écran de tirailleurs britannique :

" So considerable was the British screen of light troops that the French not unfrequently mistook it for a front line, and speak of their column as piercing or thrusting back the first line of their opponents, when all that they had done was todrive in a powerful and obstinate body of skirmishers bickering in front of the real fighting formation."

Bref, nous avons, selon Oman, des tirailleurs british, teigneux et aussi nombreux sinon plus que les Français qui les attaquent. 
Résultat, au mieux ils se neutralisent et seules les colonnes en ordre serré forcent les Britanniques au repli... 

Les généraux français pensent alors avoir percé la première ligne ennemie, mais leurs colonnes, désorganisées par leur "victoire" même, arrivent affaiblies et fatiguées sur la vraie ligne britannique, intacte et reposée. La suite est connue !

Il reste qu'Oman est loin d'avoir toujours raison, et je l'ai d'ailleurs bien prouvé dans mon livret n° 16 "Maida où le désastre de Sainte-Euphémie", cet illustre historien s'étant complètement trompé sur plusieurs points de l'ordre de bataille français comme de la formation de combat des deux camps.
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Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Déc 2010, 23:04

Recherche cartes satellite proposées par Michelin (06/11/10).

Je suis descendu au degré de grossissement maximal, qui permet de distinguer nettement toutes les constructions et, notamment, non loin du pont, un ensemble de murs sans toît, qui pourrait être le fameux "enclos" ou s'enferma le 43rd.

De fait on voit parfaitement tout ce qui ressemble à un mur ou une route et même à un simple chemin. Pas de trace, aucune trace, des murets qui auraient permis aux Britanniques de se cacher... Comme je ne vois pas pourquoi on les aurait rasés depuis, je pense qu'il n'y en a jamais eu dans le secteur qui nous intéresse.
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Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar BERAT Christophe sur 08 Déc 2010, 19:16

Cher Diego,

les cartes michelin sont un outils mais google earth est plus efficace,

Amitiés
BERAT Christophe
 

Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar BEYER Olivier sur 08 Déc 2010, 21:08

Salut Christophe,

ça fait plaisir de te lire sur le site :lol:

Amitiés et j'espère à bientôt

Olivier
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Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar MANÉ Diégo sur 13 Déc 2010, 23:34

Christophe,

Mes tentatives sur Google Earth m'ont en l'occurrence permis de visualiser le terrain de beaucoup plus haut/loin que ce que j'ai pu voir sur Michelin, mais peut-être n'ai-je pas su m'en servir.

Quoiqu'il en soit je persiste et signe par rapport aux murets qui auraient figuré sur Michelin... s'ils existaient !

Suite et fin (provisoire ?) du "feuilleton" La Coa :

Visualisation très instructive, le 05/11/10, de vidéos récentes relatives aux manifestations tenues sur place à l'occasion du bicentenaire de l'invasion française.

Alors, bien sûr, ne vous attardez pas sur les uniformes et/ou le sérieux des manoeuvres, il ne s'agit que d'amateurs qui font ce qu'ils peuvent.

Par contre, le pont et le terrain environnant sont restés les mêmes qu'à l'époque, et il suffit de regarder pour comprendre beaucoup de choses, et notamment que ni cavalerie ni artillerie n'avaient la possibilité de s'exprimer.

http://www.youtube.com/watch?v=Q6VzWr5YaK8

Pour cette dernière, j'ai toutefois trouvé dans l' "Atlas of the Peninsular War", page 112, le positionnement de quatre pièces britanniques, deux à deux, sur les deux seuls espaces exploitables pour cette arme sur le Cabeço négro. Elles ont donc dû participer aux échanges de feux par-dessus la rivière après l'action qui nous intéresse.

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Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar MANÉ Diégo sur 15 Déc 2010, 21:35

Voici un lien vers ce que j'ai pu voir sur Michelin (dont je ne suis pas -hélas- actionnaire) :



http://www.viamichelin.fr/web/Cartes-pl ... 7891788376

En vous déplaçant alentours vous trouverez des constructions dont les murs se distinguent parfaitement.

C'est pourquoi je pense que s'il y avait des murs un peu partout ils se verraient aussi, non ?

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Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar MANÉ Diégo sur 23 Déc 2010, 22:53

Nouveaux éléments concernant La Coa (DM le 20 Décembre 2010).

J'ai ressorti des passages instructifs sur La Coa d'un vieux bouquin, à savoir :

"Wellington's Army" du Colonel Rogers Hobe, Shepperton (1979), qui cite de nombreux intervenants. Il en ressort des éléments de réponse à nos questions.

Sur les deux canons perdus (Craufurd et Moorsom) qui, effectivement, ne seraient pas britanniques, puisque l'un serait un canon de place espagnol (que faisait-il au Portugal ? Prise d'une guerre oubliée ?) et l'autre un portugais, le second démonté sur le sol à côté du moulin, et le premier dans le moulin même, mais hors d'usage car si mal mis en batterie qu'il passa à travers le plancher du moulin à la première (et donc dernière) décharge. Ces deux pièces dépendaient de la place d'Almeida et finirent comme trophées des Français.

Sur la première position des Britanniques (Oman), son flanc droit appuyé à La Coa, son front derrière un ravin, et sa gauche "dans quelques enclos près d'un moulin", après lequel les canons de la forteresse étaient à même d'interdire le passage.

Sur les murs de pierre mentionnés alors un peu partout bien qu'inexistants sur les vues satellite actuelles. Canibalisation pour des constructions ultérieures ?

"Les éperons rocheux étaient parcourus par de nombreux murs de pierres qui fournissaient un couvert excellent, et au long de ces éperons était déployée la ligne d'infanterie de Craufurd". (1ère position).

"Le 95th Rifle était dans un vignoble enclos par un haut mur de pierres... mais les soldats avaient démonté en partie ce mur pour se construire des abris contre la pluie de la nuit, la cavalerie put y pénétrer et une compagnie fut en grande partie sabrée".

"La cavalerie ennemie (française) fut tenue en échec par des rifles tirant depuis l'abri d'un mur de pierres..." suit l'épisode du 43rd réfugié dans "un enclos de maçonnerie solide de 10 pieds de haut"...

Sur l'épisode du fourgon renversé, il est situé par le texte non à l'entrée du pont mais dans un virage en épingle à 300 yards du pont. Il semble que ledit fourgon soit tombé un temps aux mains des Français car "une charge par une compagnie du 52nd, récupéra le caisson de munitions" (Moorsom).

Sur les formations de combat (Napier) :
"... les 43rd, 95th, et 52nd combattaient en une masse de tirailleurs, en petits groupes, sans commandement régulier" (les deux bataillons portugais sont alors en retraite à la suite de l'artillerie et de la cavalerie).

Sur la charge de MacLeod (Leach) : "... cent ou deux-cents tirailleurs des 43rd et 95th, mêlés les uns aux autres, attaquèrent un mur tenu par les tirailleurs français et les en chassèrent." Il y aurait donc eu un mur au sommet de la colline dominant le pont.

à suivre...
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Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar MANÉ Diégo sur 30 Déc 2010, 22:19

Suite de l'exploitation du bouquin de Hobe.

"William Napier dit qu'au fur et à mesure qu'elle passait le pont, l'infanterie se formait en "ordre lache" (loose order) sur la pente de la montagne, tandis que la batterie d'artillerie à cheval de Ross entrait en action depuis le sommet (du Cabeço Négro). C'est peut être donc dans Napier que j'avais acquis ma conviction sur l'usage de l'"Open Order" par les light british ! Je vérifierai... l'année prochaine !

Sur les pertes, lors des trois attaques du pont, si les Français subissent de lourdes pertes, "nous souffrimes aussi beaucoup" reconnaît Napier, et Leach de préciser que les Français n'avaient aucune chance contre "trois régiments britanniques et deux portugais, soutenus par l'artillerie". Les Portugais se sont donc "repris" et ont participé activement à la phase finale des combats.

Et Craufurd d'expliquer le pourquoi du désordre de ses troupes car "se retirer en ordre a travers un tel terrain, si "cassé" (broken), rocheux, et coupé de murs, comme celui qui séparait la première position de la deuxième, était impossible... quelque perturbation dans l'agencement régulier des troupes est inévitable."

Bref, pour résumer, une fois commencée la retraite depuis la première position, il n'a plus été possible, du fait du terrain, de maintenir aucune formation autre que des partis de tirailleurs tirant et luttant chacun pour son compte pour et depuis des murs de pierre. Une fois de l'autre côté, les régiments ont pu se former en "loose order" et l'artillerie se déployer (au moins quatre pièces) sur le sommet.

Et la conclusion de l'auteur sur la question des ordres : "Wellington, en fait, savait que Craufurd n'avait pas désobéi à ses ordres... il savait que s'il avait été commis une erreur c'était la sienne" (à lui, Wellington). De fait l'ordre de repli de Wellington étant du 22/07 à 20 h, les délais de transmission aidant, Craufurd ne pouvait l'exécuter avant le 24 au matin, et allait le faire lorsque l'attaque de Neÿ le prévint.

Sources citées par Hobe :

Lieutenant-Colonel J. Leach, "Rough Sketches of the Life of an Old Soldier", London, 1831.

Major-General Sir W.F.P. Napier, "History of the War in the Peninsula and in the South of France", London, 184?

W.S. Moorsom, "Historical Record of the Fiftty-Second Regiment (Oxfordshire Light Infantry)", London, 1860.

Alexander H. Craufurd, "General Craufurd and his Light Division", London, 1891.

Charles Oman, "A History of the Peninsular War", London, 1908.

Diégo Mané (non, je ne suis pas une source, quoique...)
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Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar MANÉ Diégo sur 06 Jan 2011, 18:15

Trouvé dans le Belmas * le 23/12/10

* ("Journaux des sièges faits ou soutenus par les Français dans la Péninsule de 1807 à 1814", T3, page 336, Paris 1837).

Parlant de la position britannique après le passage du pont :

"Une montagne d'un accès difficile s'élève sur la rive gauche, au débouché du vieux pont en pierre... Cette position formidable dominait la rive droite de deux à trois cents pieds, et était couverte de petits murs en amphitéâtre qui formaient autant de retranchements naturels derrière lesquels l'ennemi s'était embusqué... ".

Bien, cette fois plus de doute, puisque les versions des deux camps concordent sur la présence de très nombreux murs de pierres partout sur le champ de bataille, qui ont considérablement favorisé sa défense par les Britanniques.

L'hypothèse de la "cannibalisation"* de ces murs pour des constructions ultérieures semble donc se confirmer puisqu'ils n'apparaissent pas sur les photos satellite actuelles.
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Re: 1810, Portugal. Le pont de la rivière Coa.

Messagepar MASSON Bruno sur 06 Jan 2011, 18:41

côté cannibalisation, sans aller très loin, je penserais aux soldats Anglais du blocus de 1811, qui n'avaient pas vraiment d'abris, ou la réparation suite à la fuite de la garnison. Vilainton déclare dans une de ses dispatches (de mémoire) que cette réparation se déroule plus vite que prévu, or le soldat anglais ne pond pas de briques que je sache :mrgreen:
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