Ah que voilà un bel échange comme je les aime.
Je n’ai pas eu le temps d’y consacrer le soin nécessaire avant ce soir et bien m’en a pris car ainsi vous avez pu vous exprimer et j’ai appris deux ou trois choses qui me serviront, tandis que mes recherches parallèlles ont aussi porté quelques petits fruits.
C’est que le gros du travail est fait depuis longtemps, bien huit ans désormais, mais s’avère utile aujourd’hui puisqu’il apporte manifestement novation par rapport à tout ce que vous avez mentionné l’un ou l’autre.
Bon, je ne prétends pas détenir la perfection, mais seulement la meilleure formulation possible en fonction des éléments à ma disposition et de ma désormais célèbre “intime conviction”.
Elle se trouve toutefois bien étayée par des sources multiples et variées, jugez-en :
Sources principales (de mon OB “français” pour Wagram) :
Archives du Service Historique de la Défense, Vincennes, carton C2 675.
Particulièrement pour Wagram : "Situation de l'armée d'Allemagne à la bataille de Wagram".
"Mémoires sur la guerre de 1809 en Allemagne", par le général Pelet, Paris, 1826.
"Histoire des campagnes de l'Empereur Napoléon..., T 3, Paris, 1845.
"Mémoires d'André Masséna", par le général Koch, Paris, 1848.
"Correspondance de Napoléon Ier", publiée par ordre de l'Empereur Napoléon III, T 19, Paris, 1866.
"Mémoires du maréchal de Grouchy", par le Marquis de Grouchy, T 3, Paris, 1873.
"Correspondance du maréchal Davout", T 3, Paris, 1885.
"Les Allemands sous les aigles françaises, T 2, Le Contingent Badois", LCL Sauzey, Paris, 1904.
"1809 De Ratisbonne à Znaïm", T2 (Wagram), par E. Buat, Paris, 1909.
"Dictionnaire... des généraux... français... de l'Empire", par Georges Six, Paris, 1934.
"Officiers tués et blessés pendant les guerres de l'Empire", par A. Martinien, Paris, 19..
"Napoleonic Armies", par Ray Johnson, Londres, 1984.
"Armies on the Danube 1809", par Scott Bowden et Charlie Tarbox, Chicago,1989.
En tout état de causes je n’ai rien inventé (tout au plus interprété). Comme je le disais dans mon précédent message les chiffres de Bowden sont justes, car manifestement tirés des archives de Vincennes, c’est son organigramme qui est faux car resté le même pour Wagram, page 192, que celui qu’il donne page 74 et stipulé du 20 Mai, alors que, cela a été abondamment développé dans les messages plus haut, il a changé...
Notamment le 10 Juin. J’ai trouvé dans le Buat une organisation pratiquement identique à celle donnée par Philippe plus haut. Elle aboutit de toutes manières à celle de mon OB dès lors qu’il sera pris en compte les dernières modifications (ordre de l’Empereur, 25 juin, 10 heures du soir), soit le détachement de deux bataillons de la division Zerschwitz à la division Dupas (Grenadiers Radelof et Winkelmann), et d’un bataillon de la division Polenz à la même division Dupas (Tirailleurs von Merztch).
Enfin, en dernier lieu, chaque division laissera un de ses bataillons dans l’ile Lobau, soit les bataillons de Grenadiers von Hacke pour Zerschwitz et Grenadiers Winkelmann pour Polenz, amenant le contingent actif saxon à 5 bataillons avec Zerschwitz, 7 avec Polenz et 2 avec Dupas.
“L’état de situation de l’armée réunie pour passer le Danube et qui, le surlendemain, combattit à Wagram -état de situation que j’ai vu- montrait en présence, sous les armes, 187.000 hommes dont 164.000 sabres et baïonnettes” nous dit Marmont dans ses “Mémoires du Duc de Raguse”.
Buat, s’appuyant sur des situations portant des dates comprises entre le 1er et le 5 Juillet à composé, page 159, un tableau récapitulatif montant a 188.965 hommes. Rectification faite de quelques menues erreurs/oublis de l’’illustre historien je suis arrivé à 190.498 hommes (l’un comme l’autre sans compter l’ile Lobau et les Wurtembergeois).
Pour les Saxons, faisant fi des organisations internes et des affectations diverses des unités nos chiffres concordent. Son total monte a 12.125 fantassins et le mien à 12.110, soit une différence de 15 hommes qui doit correspondre à des officiers d’Etat-Major.
A rapprocher des 13.361 hommes, soit 1.251 de plus, de l’OB reproduit par GFN.
Pour la cavalerie c’est un peu différent. Certains OBs répartissent les deux brigades à raison d’une par division d’infanterie, et l’on retrouve cela avant et après la bataille. C’est normal. Par contre, pour la bataille, l’organisation de fait doit selon moi primer car c’est celle qui a pris place. Et de facto la cavalerie n’est pas restée imbriquée dans les divisions d’infanterie mais à formé un corps à part entière qui a sauvé l’honneur saxon.
J’ai vu les petites polémiques sur le nombre d’escadrons d’un chevau-légers détaché un moment avec Oudinot, partis 4 et revenus 3, et cela ne me paraît pas “significatif”.
Plus gênant est le fait que Buat comme l’OB repris par GFN n’alignent que 20 escadrons en tout au lieu de 24 et que la différence de 4 vienne de 4 escadrons de cuirassiers de Zastrow qui figurent pourtant bien chez Bowden et sont corroborrés par le fait que l’oberst Petrikowski, leur colonel (et non celui des cuirassiers de la Garde, sauf erreur de Martinien), a été blessé à Wagram. Peut-être, comme d’autres oublis que j’ai réparés, s’agit-il de troupes arrivées in-extrémis... postérieurement à la situation prise en compte. Une confirmation de plus, qui recouperait, ne serait pas pour me déplaire.
Pour l’artillerie, toutes nations confondues d’ailleurs, je suis d’accord, Bowden est faux pour les nombres et calibres des pièces qu’il s’est acharné à préciser sans les connaître.
Bref voici le résultat de ces cogitations concernant le IXe CA (saxon) à Wagram, que j'enjoliverai et présenterai mieux plus tard, car là j'ai bien senti qu'il y avait "urgence" ! :
http://www.planete-napoleon.com/docs/18 ... AM.SAX.pdfPour finir je réponds à la volée à différentes questions/affirmations émises plus haut :
Concernant l’effectif des bataillons de Tirailleurs (j’évite Schutzens en l’occurrence, qui pourrait faire croire qu’il s’agit de troupes “riflées” alors que ces braves ont des fusils), si l’on réfléchit qu’à l’origine du “projet” chaque régiment d’infanterie (Garde exceptée) devait fournir 2 offciers et 2 tambours, et chaque compagnie de mousquetaires 1 caporal et 8 hommes, soit encore 76 hommes tous les deux bataillons et donc un maximum absolu de 684 en tout, je pense que nous avons là les “700 h” dont on parle, mais “en tout”, et non pas “par bataillon” ce qui en demanderait 1.400.
Alors certes on a dû ensuite les “gonfler” un peu pour leur donner le statut de bataillon, en grattant encore plus les “lignards”, 474 h et 548 h, total 1.022 h, mais pas 1.400 !
Quant’aux Grenadiers, comme ils s’improvisent encore plus difficilement que les troupes légères (on ne leur à pas ôté leurs “tirailleurs”) ils sont restés comme ils étaient, faibles.
L’ouvrage de Sauzey est très généraliste. Il vaut tout de même par nombre de détails méconnus... mais méconnait souvent ceux des OBs, du moins au niveau qui nous intéresse.
Digby Smith, le ci-devant Otto von Pivka (c’était mieux avant), est parvenu a commettre plus d’erreurs dans son seul “Napoleonic Databook” que tout ce que j’ai pu lire d’âneries relatives dans mon existence par ailleurs. C’est donc du lourd (attention aux pieds) mais pas du bon. On est toutefois content de le trouver quand on a rien d’autre sur un sujet donné car il l’a, le plus souvent traité (il y a toutefois des oublis consternants).
Quoiqu’il en soit, contrairement à l’idée anglo-saxonne (tiens, les saxons sont dans le coup !) bien répandue, les batteries françaises à 8 canons ne l’étaient pas encore et les divisions françaises alignaient le plus souvent 12 pièces chacune, pas 16 !
Les 1.621 hommes donnés à Lecoq pour son attaque du 5 Juillet m’interpellent car j’en ai encore bien 1.000 de plus une fois ôtés les tirailleurs Egidy déployés sur tout le front. Serions nous là en face d’une “attrition” dûe à la marche rapide similaire à celle de la division Broussier à qui il manqua dans les 2.000 hommes le 6 Juillet ?
J’ai initié un travail relatif aux pertes du 5 Juillet, afin de déterminer les effectifs restants pour le 6 Juillet (et le remake envisagé par le KRAC) et, effectivement, celles subies par les Saxons le 5 Juillet sont “ébouriffantes” et expliquent leur “moral” du 6 Juillet.
L’ile Lobau disposant déjà de 129 pièces pour sa défense j’ai été surpris de lire que des pièces saxonnes y auraient en outre été laissées (manque d’attelages ?) au risque de réduire les artilleries divisionnaires. Je suis preneur des éléments relatifs.
Empires, Eagles and Lions : j’ai parlé de cette revue, ou plutôt “fanzine” ici :
viewtopic.php?f=1&t=359Philippe, quel sont les deux numéros dont tu disposes ?
Parmi ceux que tu as listés je n’ai que le n° 57. J’ai regardé l’article relatif aux effectifs des bataillons saxons en 1809. Il est résolument basé sur la comparaison des deux OBs tirés d’”Armies on the Danube” de Bowden, au 20 Mai 1809 et à Wagram. Il fait donc ressortir clairement que les deux seuls ajouts sont les Cuirassiers de Zastrow et la Batterie Hiller (nouvellement créée). Comme lesdits cuirassiers semblent faire partie du commandement de Thielmann, engagé en Saxe contre les Brunswickois, cela entretient le doute sur leur présence à Wagram. Tout élément relatif daté m’intéresserait. Si tu es malgré tout intéressé par l’article de Tom Devoe je te le ferai passer.
Je ne connais pas l’ouvrage d’Exner, mais il figure dans la bibliographie de Buat.
L’ouvrage de Pelet, de mémoire, n’apporte rien en terme d’OB français. Il contient un OB autrichien, mais pour le début des hostilités seulement. La relation est intéressante et circonstanciée, mais quelque peu partisane, et souffre du manque d’éléments de la partie opposée dont l’auteur n’a pu disposer (nous étions des “mal-aimés” en Autriche). Bref, il a manqué au brave général un peu de recul (mais savait-il seulement reculer ?).
Les 4 x 150 “Schutzens” par bataillon de “Légers” (sic) sont un projet qui n’a pu être qu’approché. Rappelons que l’effectif normal d’un bataillon de mousquetaire était de 700 hommes, chiffre qu’ils n’ont jamais approché en 1809. Ces “Légers” ne se distinguaient que par un plumet vert à leur bicorne (à base noire pour les officiers).
Voilà, je suis arrivé au bout... et viens de me faire surprendre et “engueuler” comme un gamin par ma femme (nous travaillons tout-à-l'heure) qui vient de se réveiller (quelle idée à 3 h 00 du mat’ !), et je vais donc me replier en (dés) ordre vers une position préparée à l’avance, mon lit.
Diégo Mané