par MANÉ Diégo sur 06 Nov 2023, 21:21
Essai sur la cavalerie « française » présente à Hagelberg le 27 août 1813 (2)
(par Diégo Mané, Saint-Laurent-de-Mure, Octobre 2023)
Toujours pas satisfait du flou régnant autour de l’effectif de cavalerie engagé par Girard, je me suis demandé si d’aventure le 13e Hussards, que l’on ne trouve pas mentionné avant, ne s’était pas ajouté in-extrémis à l’expédition. En conséquence j’ai recherché et trouvé l’historique de ce régiment qui, à défaut de toutes, a répondu à bien des questions.
BOUILLÉ, Capitaine H. de, Historique du 13e Régiment de Hussards 1792-1899, Paris, 1900.
Page 93 : Berthier à Napoléon le 12 août 1813
« Le 13e régiment de Hussards part demain de Freyberg pour arriver le 19 à Magdebourg et être attaché à cette division (2e division, dite division de Magdebourg).
Cependant comme il a besoin d'une grande surveillance, j'ai chargé le général Bourcier de le voir à son arrivée et de faire de ce régiment ce qu'il jugera le plus convenable (1) ; le général Bourcier joindra aussi à la division de Magdebourg les hussards disponibles du dépôt de Cavalerie.»
Il faut remarquer que les hussards du 13e n'étaient que des conscrits ayant à peine huit mois de service et qu'ils étaient en route depuis plus de six semaines.
Page 95 : le GB Bertrand à Berthier, de Leipzig le 15 août 1813
« J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse Sérénissime que le 13e régiment de Hussards et 2 bataillons du 4e régiment de la Confédération du Rhin sont arrivés ici aujourd'hui et partiront demain le matin pour Magdebourg conformément à votre ordre. »
« Le 13e régiment de Hussards est fort d'environ 300 chevaux. »
Page 95 : le GD Bourcier à Berthier, de Magdebourg le 16 août 1813
« J'ai reçu la lettre que Votre Altesse Sérénissime m'a fait l'honneur de m’écrire le 12 de ce mois, pour me faire connaître la composition du corps que M. le général Girard doit commander sous les ordres de M. le général Le Marois.
Votre Altesse m’annonce également que le 13e régiment de Hussards fera partie de la division dite de Magdebourg (1) et que l'intention de Sa Majesté est que j’y joigne en outre les 4 à 500 hommes que je pourrais avoir au dépôt de Cavalerie (2).
J'ai l'honneur d'informer Votre Altesse que je viens de former de tous les hommes montés et disponibles un régiment de marche composé de 416 hommes, officiers compris.
C’est tout ce qu’il m’a été possible de mettre en état pour le moment.
« J'ai donné le commandement de ce régiment de marche à M. le major Crabbé que Votre Altesse a attaché récemment au dépôt général et je l'ai mis à la disposition de M. le général Le Marois (3).
« Je me conformerai, Monseigneur, ponctuellement aux intentions de Sa Majesté, relativement à la surveillance qu'elle me prescrit d'apporter sur le 13e régiment de Hussards et je ferai à l'égard de ce corps tout ce que le bien du service de Sa Majesté me paraîtra commander.
(2) Le 15 août 1813, d'après le livret de l'Empereur, le 13e Hussards avait au dépôt général de la cavalerie, à Magdebourg, 4 officiers, 48 hommes et 56 chevaux.
Commentaire DM sur cette note 2 : bien que figurant dans le livret au 15 août 1813, l’information relative au 13e de Hussards y a été portée à une date légèrement postérieure. En effet, le régiment n’est arrivé à Magdebourg que le 19 août comme on le lira plus bas. Les hommes indiqués sont donc ceux dont les chevaux n’ont pas été considérés en condition pour rejoindre la sortie de Girard. J’ai en outre relevé une erreur, l’original consulté donnant 4 officiers et 44 hommes (et non 4 officiers et 48 hommes).
Commentaire DM sur le renvoi (3) plus haut. Le Major de Crabbé n’a jamais pris la tête du Régt de Marche de Cavalerie, ayant rejoint le Grand Quartier Général à Goldberg le 10 août 1813. Voir plus bas la partie 4 de cet essai, ajoutée après consultation du journal de Crabbé.
Page 97 : Bourcier à Berthier, de Magdebourg le 23 août 1813
« J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse Sérénissime que le 13e régiment de Hussards est arrivé dans cette place le 19 de ce mois, sous le commandement de M. le chef d'escadron Gernelle (2) et fort de trois escadrons composés comme il suit :
Etat-Major : 8 h (dont 5 officiers), 19 chevaux (dont 16 d’officiers)
1er Escadron : 78 h (dont 5 officiers), 84 chevaux (dont 10 d’officiers)
3e Escadron : 101 h (dont 5 officiers), 113 chevaux (dont 11 d’officiers)
4e Escadron : 124 h (dont 5 officiers), 131 chevaux (dont 11 d’officiers)
Total : 311 h (dont 20 officiers), 347 chevaux (dont 48 d’officiers)(3)
(2) Le chef d'escadron Gernelle sortait comme capitaine du 19e Dragons.
Avait été nommé au corps le 16 mars 1813. Il avait 39 ans, 19 ans de services et 18 campagnes.
(3) Cet effectif ne correspond pas avec celui donné le 19 août par le général Lemarois. Nous estimons que celui du général Bourcier est le vrai, cet officier ayant passé une inspection sévère du corps. Le général Lemarois n’a compté que l’effectif disponible du régiment.
Commentaire DM : savoir que les 3e et 4e Escadrons, levés à Florence sous l’égide de la princesse Elisa (sœur de Napoléon) furent bien mieux constitués que les 1er et 2e, levés à Rome et qui ont « fondu » bien plus vite.
Page 98 : Bourcier détaille l’inspection qu’il a réalisée ; l’état de l’unité est loin d’être satisfaisant… Il s’explique, comme pour les Gardes d’Honneur français et pour les mêmes raisons, qu’outre leur inexpérience ces « fils de famille », privés de leurs domestiques, savaient certes monter, mais pas soigner leurs chevaux.
J’ai passé la revue de ce corps et j’ai reconnu que : La discipline et la tenue y étaient très négligées.
L'habillement est bon à l’exception des bottes dont la plus grande partie est à réparer. L’équipement sera en bon état moyennant quelques réparations. La tenue de l’armement est extrêmement négligée et exige des réparations.
Le harnachement quoiqu’il soit presque neuf est en partie à réparer. Les soins nécessaires aux chevaux, ceux mêmes qui sont les plus indispensables sont négligés. 40 chevaux sont grièvement blessés et ne pourront servir avant six semaines ou deux mois.
« Sur les 299 chevaux qui composent l'effectif du régiment, 250 seulement sont disponibles et sont partis sur le champ par ordre de M. le général Lemarois pour rejoindre la division de M. le général Girard. »
Commentaire DM : les 299 chevaux mentionnés sont « de troupe » (347 en tout – les 48 d’officiers), et donc il convient d’ajouter les officiers aux 250 soldats pour obtenir le nombre d’hommes du 13e Hussards ayant participé à la sortie. Si l’on en croit Lemarois (voir juste ci-dessous), la force engagée du 13e Hussards fut de 265 hommes, et donc comportait 15 officiers, soit les 4 réglementaires de chaque escadron plus les 3 d’état-major (le CdE Gernelle et les deux Capitaine-Adjt-Major qui figureront comme ßlessés ainsi que leur chef).
Pages 98-99 : Lemarois à Berthier, de Magdebourg le 19 août 1813
« La division de Magdebourg est sortie hier matin de la place ; j'ai fait occuper les villages de Crakau et de Prester et le reste de la division a pris position en avant de la tête de pont ; aujourd'hui je la compléterai à 8,000 hommes d'infanterie avec le régiment de la Confédération du Rhin qui est arrivé. Elle aura ce soir ses deux batteries d’artillerie.
Le 13e de Hussards arrive également aujourd'hui et demain ; le général Girard aura près de 700 hommes de cavalerie : Régiment provisoire tiré du dépôt général de la cavalerie : 435 hommes ; 13e de Hussards : 265 hommes. »
Commentaire DM : « aujourd’hui et demain » signifie donc les 19 et 20 août, et que donc le régiment n’arrivera pas en entier le 19. Peut-être l’explication de la différence d’effectifs de cavalerie constatée entre le (superbe) document du 6 septembre qui mentionne les troupes « sorties » à partir du 18 août (le gros de la Division Girard)… Mais donc aussi au mieux le 19-même pour une partie du 13e Hussards, et peut-être (bis) la seule comprise dans la source.
Car enfin, ce document stipule 591 cavaliers, alors que sans la moindre ambigüité Lemarois en indique 700. D’ailleurs pourquoi écrire « près de 700 » avant de donner un détail qui monte exactement à ce chiffre ? Peut-être (ter) manquait-il encore, au moment où il écrivait le 19, le 4e escadron du 13e n’arrivant que le lendemain, et le général n’aura pas résisté à la tentation d’un chiffre rond ? Mais, je le concède, cela fait beaucoup de « peut-être » !
Accessoirement (quoique), lorsque Bourcier écrit le 23 août que les 250 considérés « bons pour le service » sont partis « sur le champ » cela peut aussi se comprendre dès que possible après leur arrivée, pas avant !
Page 102 : notes de bas de page
Reproduit les données de l’état du 6 septembre (troupes parties puis revenues).
Et donne les effectifs du 13e régiment de Hussards au 25 août.
1er Escadron : 224 h (dont 7 officiers), 211 chevaux.
3e Escadron : 180 h (dont 7 officiers), 169 chevaux.
4e Escadron : 181 h (dont 7 officiers), 195 chevaux.
Total : 585 h (dont 21 officiers), 575 chevaux.
Mais il s’agit manifestement d’effectifs et non de présents sous les armes. Vérifiant sur ledit état je trouve le même nombre de chevaux mais moins d’hommes présents sous les armes, respectivement 207 (dont 7), 152 (dont 7), 139 (dont 7), total 498 (dont 21).
Savoir en outre que le régiment est mentionné « présent » au 5e Corps de Cavalerie…, or, nous le savons, il se trouvait alors engagé avec la Division Girard, ce qui relativise le crédit à donner aux situations des troupes, pas toujours… « à jour », car les chiffres ci-dessus doivent manifestement « dater », ce qui se vérifie quand on compare les 498 hommes juste détaillés plus haut aux 311 hommes effectivement constatés à la revue passée à Magdebourg.
À suivre...
"Veritas Vincit"